Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN AVEC LE GAZETIER, Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : C_1_19.
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seroient les tres-bien venus, & bien receus de la Reyne, laquelle
auec le Roy s’en retournoit auec eux à Paris, d’où ils ne partiroient
iamais sans leur en demander la permission trois mois deuant ; &
que ce Prin-temps l’on porteroit des habits à la mode, tous à l’Italienne,
qui leur feront plus debiter d’estoffe en vn mois, qu’ils
n’ont pas fait depuis deux ans.

 

Gaz. S’il m’estoit permis de faire riposte à V. E. i’aurois aduantage
en cette rencontre : toutesfois elle le pardonnera s’il luy
plaist au gazetier, & luy permettra de répondre, que i’ay fait encore
tout cela, & beaucoup d’auantage, sans que cela ait de rien profité.
Car i’ay fait courir de iour & de nuict, de maison en maison
pour annoncer tous ces discours : I’ay fait soliciter les six corps des
Marchands pour aller au Parlement, se plaindre de ce qu’on ne faisoit
point la paix, & declarer au nom de tout le peuple qu’on la
vouloit à quelque prix que ce fust. Le vieux Marchand drapier, &
l’vn des Gardes, n’a-il pas fait deux fois assembler tous les autres
en sa maison, encore qu’il ne soit pas l’ancien, pour les soliciter à
prendre cette resolution ? Monsieur le Lieutenant Ciuil. ne les a-il
pas mandez chez luy, & exhortez à mesme fin, les asseurant qu’ils
feroient vne action agreable à la Reyne, & à V. E. au de-là de ce
qu’ils se pouuoient figurer ? I’ay bien fait d’auantage ; car i’ay de ce
qu’ils se pouuoient figurer ? I’ay bien fait d’auantage ; car i’ay donné
aduis, & qui a esté pratiqué, de donner de l’argent à des artisans,
afin de faire du bruit dans leurs compagnies, lors qu’ils seroient
en garde : & aux pauures souz pretexte d’aumosne parmy les
ruës, en leur disant qu’ils criassent à la faim : il y en a qui ont esté
crier de la sorte iusques dans la salle du Palais, cependant que le
Parlement estoit assemblé, ausquels on a donné de l’argent pour
les faire taire, qui ont depuis esté mis en prison quand la fourbe a
esté découuerte.

Le Card. Et tout cela n’a de rien seruy ?

Gaz. Rien du tout. Au contraire, cõme vne cruche d’huile versée
sur vn grand brasier, ne fait que l’alumer, au lieu de l’esteindre : le
peuple s’est plus fortement irrité par ces solicitations. Il est allé
en foule au Palais crier la mort de Mazarin, ou la guerre. Monsieur
le premier President a esté menassé en sa personne, & failly d’estre
déchiré par cette populace, que vous appelez ordinairement canaille ;
Les femmes mesmes ont fait des assemblées, sont allées en
corps trouuer M. de Beaufort, vostre bon amy, luy donner aduis de
toutes ces menées secrettes, ne le soliciter pas seulement, mais le
conjurer de tenir bon, comme il auoit cõmencé, & qu’apres la vie

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