Peccot-Quanesi [signé] [1649 [?]], LETTRE D’VN RELIGIEVX A MONSIEVR L’ABBÉ DE LA RIVIERE: Où luy sont enseignez les faciles moyens de faire sa paix auec Dieu & le Peuple. , français, latinRéférence RIM : M0_1893. Cote locale : A_5_83.
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donner la loy à ceux desquels elle la deuroit receuoir. Vous
& Mazarin seruirez long-temps de preuue à mon dire, & ie
ne doute point que vos actions ne soient grauées sur le frontispice
du temple de memoire, pour exempter nostre posterité
des maux que nous souffrons, faute d’auoir étouffé dans
le berceau l’authorité que vous auez vsurpée peu à peu, &
que par la suite des temps vous auez fait degenerer en vne
dure & insupportable tyrannie.

 

Iustum est,
vt quos culpa
simul inquinar,
par
etiam pœna
astringat.
Greg.

Quand nous fueilletons nos Histoires, & que remontans
sur les siecles passez, nous nous remettons deuant les yeux
les actions qui s’y passoient, à peine pouuons nous nous rendre
à la verité que nous lisons. Et cependant ce ne sont que
les ombres de ce que nous experimentons aujourd’huy.
Car quelle chose plus horrible, que de voir d’vn costé le fils
d’vn Mouleur de bois, mener par le nez l’Oncle vnique du
Roy : Et de l’autre vn Sicilien, sujet naturel du Roy d’Espagne,
& fils d’vn Chapelier de la ville de Palerme, soumette
à ses volontez vne Reine Regente, qui pouroit d’vne
seule parole exterminer ce monstre, & ce destructeur de la
nature ? Ie ne pretends point par là donner atteinte à vostre
naissance, mais ie ne puis aussi approuuer, qu’estant venu
d’vn si bas lieu, vous perdiez si facilement le souuenir de
vostre origine.

Les choses que ie blasme en vous, sont celles seulement
que vous pouuiez & deuiez éuiter, & que vous n’auez pas
voulu, parce que vous croyiez qu’elles pourroient contribuer
à vostre auancement, & vous porter au plus haut de
la rouë de la fortuné, aussi bien qu’elles faisoient Mazarin :
c’est pourquoy vous vous l’estes tousiours proposé pour
exemple & pour modele, autant qu’il a esté en vostre pouuoir.
Mais prenez garde que tombant du sommet de la
rouë, où la fortune vous a mis l’vn & l’autre, elle ne vous
abandonne & vous laisse seulement sur la rouë pour seruir
d’vn horrible spectacle à la posterité. Pour moy i’estime que
vous ne trouuerez qu’en ce lieu la recompense de vos actiõs
heroïques, pour ne point dire hyroniques ou erronées. Que
Mazarin ne le merite, personne n’en doute, & vostre conscience
mesme vous force de le croire, quoy que vous n’osiez
l’auoüer publiquement. Mais possible que la dureté de
vostre cœur & l’aueuglement de vostre ame, vous empesche

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Peccot-Quanesi [signé] [1649 [?]], LETTRE D’VN RELIGIEVX A MONSIEVR L’ABBÉ DE LA RIVIERE: Où luy sont enseignez les faciles moyens de faire sa paix auec Dieu & le Peuple. , français, latinRéférence RIM : M0_1893. Cote locale : A_5_83.