N. [signé] [1652], ADVIS IMPORTANT D’VN ABBÉ AV CARDINAL MAZARIN, SVR LE SVIET DE SA SORTIE hors du Royaume de France. , françaisRéférence RIM : M0_516. Cote locale : B_12_45.
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toutefois, sans concussion & violence. La Pieté
estoit l’ame de l’Estat sous ce Ministre, la Iustice y estoit
en regne, & la Paix si fortement establie, qu’il deffendoit
les moindres inimitiez & vengeances. Il donnoit la Loy
à la Mer, dont il reprimoit les flots & calmoit les tempestes
au besoin : Toute la Nature rouloit sous ses volontez :
sa Puissance s’estendoit mesme iusques aux Enfers, où il
estoit si redouté qu’vne de ses paroles faisoit trembler les
ennemis du Nom de Dieu.

 

Apres auoir rendu l’Estat qu’il gouuernoit si florissant,
& fait de son Siecle vn Siecle de felicité, son Peuple sur
qui il auoit déployé les thresors de ses bontez & de ses
merueilles cherche à le perdre : il ne se roidit point au
contraire par les vengeances : Il trauaille par les voyes les
plus douces à le ramener à son deuoir ; plus son cœur s’eschaufe
à leur amour, plus le leur s’enuenime contre luy ; ils
le poursuiuent à mort, quoy qu’innocent, ils corrompent
vn des siens pour le leur liurer : quoy qu’il n’ignore pas
ce qui se passe, on ne le voit point se premunir contre les
attaques de ses ennemis ; il ne s’agit pas de quiter le païs
pour le contenter, mais aussi la vie qu’il se resout de donner
à son Peuple, pour appaiser les troubles, dont il est
l’innocent sujet, & procurer par sa mort la paix & le repos
à sa Patrie. Ce qu’il fait si volontairement qu’il va au
deuant de ses meurtriers, quoy qu’il puisse s’exempter de
tomber entre leurs mains, il ne se rend point inuisible à
leurs yeux, comme quelque temps auparauant quand ils le
voulurent couronner Roy, il n’employe point la puissance
de la Nature & les secrets de l’art, pour eschapper de
leurs mains, vne seule parole le peut affranchir des supplices
qu’on luy prepare : En vn mot, si vous en croyez vn
des siens, le sacrifice de cette innocente victime est si volontaire
qu’il presente luy-mesme la gorge au cousteau.

Si vous pesez, MONSEIGNEVR, la rigueur de cette
rettaitte, vous ne trouuerez point d’amertume en la vostre ;

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N. [signé] [1652], ADVIS IMPORTANT D’VN ABBÉ AV CARDINAL MAZARIN, SVR LE SVIET DE SA SORTIE hors du Royaume de France. , françaisRéférence RIM : M0_516. Cote locale : B_12_45.