Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
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estoit ainsi mis à sa honte de tout le Royaume, en egalité
& en paralelle auec l’Oncle du Roy, & le premier Prince
du Sang, il rendit par ces artifices la fidelité de cét Abbé
suspecte à son Maistre, & l’accusa d’estre d’intelligence
auec mes enfans ; afin qu’ils ne s’opposassent point au
Chapeau de Cardinal qu’il esperoit.

 

Son Altesse Royale ainsi persuadée par vne fourbe si
specieuse, & vostre Majesté sans doute aussi gaignée par
quelqu’autre de mesme force, il ne restoit plus à ce perfide
aucun obstacle à l’execution de son pernicieux dessein,
ayant a faire à deux Princes qui ne se deffioient de rien,
qui estoient dans Paris hors de leur place, & de leur Gouuernement,
où quelqu’vn des deux n’auroit pas manqué
d’estre, s’ils eussent eu le desir de brouiller, comme ils
en sont accusez ; & qui ne sentant aucun mauuais reproche
de leur conscience, venoient hardiment ensemble
tous les jours au Palais Royal vous rendre leurs
tres humbles deuoirs. Mais la difficulté estoit d’y attirer
le Duc de Longueuille, qui n’y venoit pas souuent, &
qui demeuroit toûjours à Challiot auec ses enfans, soit à
cause de ses gouttes, où qu’il ne voulust pas s’engager
auec ses beaux-freres en la poursuitte de l’accusation de
Monsieur de Beaufort, qu’il estimoit fausse ; où que par la
preuoyance que luy donnoit son âge il se deffiast de son
malheur, & d’vn Italien qu’il auoit offense sensiblement,
& qu’il auoit accusé hautement de n’auoir pas voulu luy
laisser signer à Munster la paix de la France, & le repos de
toute l’Europe.

Mais il n’y a point de difficultés, MADAME, ny de
preuoyance que vostre premier Ministre ne surmonte,
quand il s’agit de tromper : Il trauailla l’espace de trois semaines
à se mettre bien dans l’esprit de Monsieur de
Longueuille, & à luy oster les defiances & les justes soupçons
qu’il auoit de sa malice & de son ressentiment, il n’y
auoit quasi point de jour qu’il ne luy enuoyast faire mil
offres de seruice, & mil protestations d’amitié, à toute

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Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.