Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
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grand appareil le nommé des Martiniaux, qu’il publioit
estre le principal auteur de l’entreprise, & le depositaire
de tout le secret de la conjuration, qui suiuant ses ordres,
& pour aider à cette fourberie, estoit allé, sous pretexte
de se sauuer en Angleterre, se faire prendre en la ville de
Coustances, où estoit Euesque le sieur Aury, cy-deuant
Maistre de Chambre de ce Cardinal.

 

Monsieur le Prince voyant que ce nouueau tesmoin,
tant attendu & tant vanté, ne chargeoit pas plus les accusez,
par sa deposition, qu’auoient fait les Canto, les Sociando,
& autres faux tesmoins, & que Monsieur de Beaufort,
Monsieur le Coadjuteur, & les autres, soustenoient
hautemẽt leur innocẽce, & ne laissoient pas de rechercher
auec toutes sortes de soumissions son amitié, il commença
d’ouurir les yeux, & d’apperceuoir au trauers de tant
d’obscuritez & d’artifices, l’erreur dangereux, ou la malice
& la passion de ce Ministres l’auoient precipité, & dés
lors il escouta fauorablement les propositions auantageuses
que les Frondeurs luy faisoient tous les jours d’vne parfaite
reconciliation.

Le Cardinal Mazarin qui estoit aux escoutes, & qui faisoit
obseruer soigneusement la contenance des vns & des
autres, ne manqua pas d’en estre aussi tost auerty ; & jugeant
bien que l’accommodement des Princes & des
Frondeurs attireroit infailliblement sa ruine, que ses fourberies
seroient decouuertes, que les faux tesmoins estans
poursuiuis criminellement declareroient tout le mystere,
& celuy qui les auroit employé, & que leur deposition
seroit aussi tost suiuie de sa perte, & de sa condamnation,
il creut qu’il n’auoit point d’autre moyen de se sauuer, que
d’executer hardiment & sans plus de remise le dessein de
perdre mes enfans, qu’il meditoit il y auoit si long temps,
qu’il ne pouuoit couurir toutes ses perfidies, que par vne
trahison encore plus lâche, qu’il ne luy restoit plus d’autre
finesse pour mettre sa vie & sa fortune en seureté, que
d’emprisonner les trois Princes auant leur accord auec

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Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.