Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
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credit de son Ministere a faire rendre à des Marchands
François trois vaisseaux que les Anglois ont depuis peu
mené à Londres par droit de represailles, & pour se recompenser
de la perte de ceux que leurs prennent tous les
jours les Corsaires de Plombino & de Portolongone sa
pretenduë Souueraineté.

 

Ce premier Ministre, MADAME, ne sert pas plus vtilement
vostre Majesté au-dedans du Royaume, il excite
des brouïlleries dans toutes les Prouinces, sous pretexte
de les calmer : Il y enuoye des gens de guerre, au lieu de
les tenir sur la frontiere où l’ennemy est prest d’entrer de
tous costez ; Et bien loin d’employer au seruice du Roy les
principaux Seigneurs du Royaume, il s’occupe à les poursuiure
comme des rebelles, par ce qu’ils sont amis de mes
enfans dans leur misere.

Il tasche de souleuer le Languedoc, en ruinant les meilleures
familles, par le vol qu’il leur fait tous les jours de
leurs barques chargez de bled qu’ils enuoyent à Genes, à
Rome, & autres païs neutres par permission du Roy, à qui
la Prouince ne pourroit pas sans ce trafic payer tous ses
droits, qui sont plus grands qu’en aucune autre du Royaume ;
& quand le sieur le Sec & les autres Deputez en viennent
faire leurs plaintes au Cardinal, ou il ne les escoute
pas, ou il leur dit en les gourmandant, qu’il faut que les
Galeres & les armées du Roy subsistent, obligeant par ce
moyen tous ces peuples, qui sont tout a fait ruinez par de
si grandes pertes, à se reuolter & à se joindre par desespoir
aux ennemis ou aux mescontens de Guiẽne & de Prouence,
qui sont deux grandes Prouinces, lesquelles venant à
estre vnies d’interest comme elles le sont des-ja par leur
situation auec celle de Languedoc, pourroient toutes trois
ensemble establir vne puissance plus redoutable que celle
des Holandois ; Dieu preserue la France de ce malheur,
MADAME, aussi-bien que d’vne plus longue continuation
du Ministere du Cardinal, qui attirera ancor bien
d’autres maux dessus le Royaume, si V. M. n’y met ordre

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Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.