Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
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d’vn Ministre estranger, qui fut le seul autheur du fatal
siege de Paris, comme Monsieur le Duc d’Orleans & Monsieur
le Prince par la complaisance qu’ils auoient à vos
souueraines volontez, en ont esté les funestes instrumens.
En fin quel malheur n’est ce point au Prince de
Conty de passer dans l’horreur d’vne prison les plus belles
années de sa vie, qui est consacrée à Dieu, & à la conduite
d’vne infinité d’ames Religieuses, dont il est le General.

 

Quel malheur, MADAME, n’est-ce point aussi à
Monsieur de Longueuille, apres auoir trauaillé si vtilement
à Munstrer pendant quatre années pour donner la
paix à la France & à toute l’Europe, de se voir injustemẽt
de tenu captif par le Cardinal Mazarin, qui sans doute
auoit peur qu’il ne luy reprochast hautement son crime,
d’auoir empesché qu’il ne signast la paix glorieuse que
nos ennemis nous offroient, & qu’il ne vint à le poursuiure
encore comme il faisoit, pendant qu’il estoit en liberté,
de ne s’oposer pas d’auantage au repos des peuples,
& à la reconciliation de tant de nations qui se dechirent
miserablement depuis tant d’années, pour l’interest
& pour la passion de trois ou quatre malicieux Ministres,
entre lesquels il tient le premier rang.

Enfin quel mal-heur n’est-ce point à la Duchesse de
Longueuille, d’estre forcée par les armes mesmes du Roy
de quitter son païs, d’abandonner ses enfans & sa mere,
& d’estre reduitte à implorer la protection des estrangers
qui ne l’ont point considerée comme la sœur d’vn Duc
d’Anguien, & d’vn Prince de Condé leur vainqueur : mais
comme la sœur affligée d’vn Prince tres malheureux.

Que vous diray-je dauantage, MADAME, en faueur
de mes enfans, vous diray-ie encore, qu’ils sont miserables
& dignes de vostre compassion. Vous diray ie
que le Prince de Condé est miserable, qu’il est la plus
part du temps sans auoir le moindre Valet pour le seruir,
qu’il est contraint de souffrir toutes les incõmodités de la
lõgue maladie, & de son frere, & du Chirurgien que l’on a

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Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.