Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 25 --

bonté de leur cause, & tout ce que l’amour maternelle
pourroit me suggerer en cette rencontre pour leur deffense,
ne peut rien adjouster ce me semble aux puissantes responses,
que d’abord on a faites aux calomnies de la Lettre
écrite sous le nom du Roy au Parlement de Paris, ny destruire
plus efficacement les impostures dont on s’est efforcé
de noircir leur vertu, que les raisons persuasiues que le
Factum presenté à Messieurs du Parlement emploie auec
verité pour les justifier

 

Vous diray-je, MADAME, qu’ils sont malheureux.
Si V. M. n’auoit elle mesme autrefois éprouué de tres sensibles
malheurs & des miseres, au delà d’vne personne de
condition : Si elle n’auoit point esté persecutée jusques
dans les Cloistres & au pied des Autels, par vn Cardinal
enuieux de sa vertu ; Et si elle n’auoit pas esté traittée au
Val de Grace comme criminelle d’Estat, & interogée
par Monsieur le Chancelier, auec tous les mespris que
l’on peut faire à vne grande Reyne, & à la femme d’vn Roy ;
j’apprehenderois qu’au milieu des grandeurs & des prosperitez
ou vous estes à present, vous n’eussiez pas assez de
tendresse pour me plaindre, & pour soulager les malheurs
& les miseres de mes enfans.

Quel malheur n’est ce point à Monsieur le Prince, d’estre
lâchement trahi, par la personne du monde qui luy estoit
la plus obligée, d’estre injustement arresté prisonnier par
l’autorité de vostre Regence qu’il a soustenu dans son penchant,
& de n’estre reputé Criminel, que par ce qu’il conseruoit
la France, que le C. Mazarin perd tous les jours.
Quel malheur d’auoir attiré sur luy la haine de tout le
Royaume, pour ne pas perdre l’honneur de vostre amitié,
en sacrifiant vostre premier Ministre à la fureur des Bourgeois
de Paris, de n’auoir pour recompense de quatre
batailles rangées, de tant de villes & de places fortes, que
le Donjon du Bois de Vincennes, où il est contraint d’obeïr
seruilement au Sieur de Bar, auquel il a tant de fois
commandé auec tant de ciuilité.

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.