Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 23 --

pour m’en faire sortir ; que mes Iuges, violentez
par ses menaces, & par ses artifices, auoient laissé passer
les jours qui m’estoient donnez pour ma seureté, & deux
jours au dela sans estre assemblez ; & connoissant le danger
ou j’estois, d’estre enleuée par force en quelque secrette
prison, d’ou j’eusse en vain reclamé leur protection, ie
fus contrainte d’accepter comme vn veritable exil ma
maison de Valery, que l’on m’auoit proposé, sous le nom
de vostre Majesté ; & ie priay Monsieur le President de
Nesmond de témoigner à Messieurs du Parlement, les ressentimens
que j’auois de leur bonne volonté, le besoin
que j’auois encore à cette heure plus que jamais de leur
protection, la difficulté qu’il y auoit que ie vinsse solliciter
en personne le secours de la Iustice, & la necessité deplorable
ou ie me voyois reduite d’aller à Valery, de peur
d’estre cruellement trainée ailleurs, & de receuoir encore
vn plus mauuais traittement d’vn ennemy, de qui ie dois
attendre les dernieres extresmitez.

 

En effect dés le Vendredy au soir 6. May, ne donnant
point de relasche à sa passion, ny de repos à ceux qui sont
les plus zelez Ministres de sa vengeance, il me fit commandement
d’aller à Chilly, estant desja toute preste au
Bourg la Reine de me reposer ; & de peur que ie ne remisse
mon voyage au lendemain, ou jusques à ce qu’il m’eust
enuoyé l’ordre qu’il m’auoit fait esperer pour faire sortir
les Gardes de Chantilly, il fit paroistre exprés dans la
campagne plusieurs Caualiers, pour me contraindre de
partir sans aucun retardement, & de m’exposer à la nuit,
sans autre necessité, que de satisfaire la passion qu’il a de
persecuter la mere aussi bien que tous ses enfans.

Ie me mis donc, MADAME, au milieu des tenebres
sur la route de Chilly, ou la Concierge m’ayant refusé
l’entrée, jugeant peut-estre que cette maison estoit
trop belle pour vne miserable Princesse comme ie suis,
j’allay loger chez Madame de Sainct Loup, ou (quelque
instance que l’Abbé d’Effiat me fit le lendemain de la part

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.