Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.
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du Corps de Monsieur le Duc d’Anjou ; & à tous les autres
de grands Benefices & de grandes sommes d’argent,
sans qu’il ait encore effectué aucune de ses paroles, dont
il fait gloire d’en donner beaucoup, & de n’en tenir pas
vne.

 

Mais ce grand Ministre, donc l’ame est toûjours remplie
de vaines frayeurs, que l’enormité de ses crimes luy
donne autant que son insuffisance, apprehendoit neantmoins
auec raison en ce rencontre, que nonobstant les
ordres qu’il m’auoit fait apporter de vostre part de m’en
aller en Berry, ie ne reuinsse encore à Paris demander
justice au Parlement contre ses oppressions ; puis qu’en
effect, au mépris de ses menaces, j’auois fait presenter
la copie de ma premiere Requeste à tous mes Iuges à l’entrée
du Palais par le sieur de Lannel, & solliciter l’assemblée
des Chambres sur deux autres Requestes, dont
Monsieur des Landes estoit encor chargé ; demandant
en l’vne, nouuelle seureté pour ma personne ; & en l’autre
l’éloignement des Gardes enuoyez en ma maison de
Chantilly, auec reparation de tous les dommages que j’y
auois receuë, contre luy qui en estoit le principal autheur.

Aussi pour m’oster le moyen de reuenir à Paris, me rendre
odieuse à tout le monde, empescher que mes Iuges
ne me fissent droit sur toutes mes Requestes, & me destituer
à present & à l’auenir de la protection de Messieurs du
Parlement, il s’auisa, comme il ne manque point de ruse,
de publier par tout que j’auois imploré son secours, & demandé
comme vne grace de me retirer à ma maison de
Valery, comme si la demeure de Paris, pour poursuiure
la justification de mes enfans, & pour me rendre denonciatrice
contre tous ses crimes, ainsi que le peuple de Paris
l’esperoit, & le souhaitoit, ne m’eust pas esté vne plus
grande grace, qu’il ne tenoit qu’à vous & au Parlement
de m’accorder.

Il dit encore tout haut dedans sa chambre, en presence

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Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.