la faueur de vos armes, & que vostre valeur eust dompté
Mazarin, auec tous ceux qui tenoient son party ; les
Dames de la ville qui vous voyoient retourner victorieux
autant de fois que vous donniez combat aux ennemis,
& qui admiroient vostre courage, comme les
rares perfections de vostre corps ; s’asseuroient auec raison
que vos victoires ne pouuoient estre comparées
à celles du Prince de Condé, ny les siennes comparées
aux vostres, puis que vous auiez deffait en la personne
du Cardinal, des armées entieres, retiré la France du
penchant de sa ruïne totale, & remis le Roy dans la
possession de son domaine. Neantmoins, MONSEIGNEVR,
toutes ces grandes actions auantageuses à
l’Estat, & vtiles au public ; ces hautes acclamations
d’vn peuple que vous auez deffendu ; ces puissans témoignages
d’vne affection sincere en vostre endroit ;
ces iustes loüanges que l’on donne à vos merites, sont
les causes infaillibles de la haine que l’on vous porte,
& des persecutions que vous souffrez.

Malheur estrange ! que le Ciel ne sçauroit prédire
des grãdeurs à Ioseph, que ses freres ne s’en offensent :
Mais prodige beaucoup plus estonnant, que vous ne
puissiez estre ny consideré de Dieu, ny chery des hommes,
sans que vous vous fassiez des ennemis. Pourtant
si ce n’est pas vn moindre crime, au dire de Platon, de
choquer la vertu, que de violer vn Temple ; croyons
que ceux-là sont tres-criminels qui entreprennent de
ternir l’éclat de la vostre. Oüy, MONSEIGNEVR, Paris
s’estime heureux de vous auoir pour defenseur, & pour
appuy : mais aussi il s’imagine estre le plus malheureux
du monde, de voir que vous ne soyez pas adoré comme
vous meritez. Si l’amour se despoüille pour enrichir
l’objet qu’il passionne, sçachez que. Paris vous honore
en vn poinct, qu’il est prest de tout perdre pour
conseruer vostre aymable personne, & tous les Habitans
disposez à respandre iusques à la derniere goutte