Mazarin, Jules [signé] [1649], LETTRE DV MAZARIN, ESCRITE A L’AGENT de ses affaires à Rome. , françaisRéférence RIM : M0_2119. Cote locale : A_5_62.
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ne gagnent en pillage ; tant s’en faut, ie les considere comme des
marchands dans vne barque, qui pour sauuer leur bien d’vn Nauire
qui fait naufrage, s’amusent à pescher des balles de liege, tandis
que les caisses de pierreries coulent à fonds ; mesme pour les
dedommager, de bon cœur ie leur laisse encore ma maison, &
n’ay point de regret de leur auoir fait bastir en France vne si
belle Escurie, puisque il y auoit tãt de cheuaux. Ils trouuerõt en ma
galerie de fort grandes statuës qui coutent plus que leur pesant
d’or, & tel Neron & tel Caligula, qui vaut plus de dix-mil Loüis,
encore me doiuent ils sçauoir bon gré de la peine que i’ay prise
de les acheter & faire venir pour eux, car pour des Antiques ils
n’en pourroient pas faire quand ils voudroient, mais pour des
Louys ils en ont encore les moules ils en feront tant qu’il leur
plaira. Ce n’est pas pourtant par reproche ce que i’en parle au
contraire ie leur en enuoyeray encore au mesme prix s’ils en
veulent, ie loüe Dieu de ce qu’il ma donné l’occasion de faire
vne restitution dont ie sentois ma conscience chargée lors que
ie laisse à la France tout ce quelle ne m’a pas permis d’emporter,
& quand à ce que i’ay enuoyé de là les monts ie croy l’auoir
bien gaigné, c’est la moindre recompense de mon trauail & de
mes veilles, & que les François me puissent donner pour leur
auoir appris le ieu du hoc, & l’inuention des Pastez à la Mazarine,
si i’eusse esté Pape ie luy eusse fait plus de bien & luy eusse
donné tout son soul d’Iudulgence, de Iubilez & d’autres tels
presens de ma vacation, ie ne puis pourtant vous celer que dans
la perte de mes meubles i’ay vne sensible affliction de quitter
mes Singes, helas ils auront souffert beaucoup durant le Siege
de Paris depuis qu’on y à arresté leur gouuerneur cét éloquent
Prelat de DoL. qui d’ailleurs m’estoit si agreable dans la Chaire
parce qu’il auoit rendu courtisans les Euangelistes. Per[2 lettres ills.] ie le
regrette quasi autant que mes magots, les pauures bestes ont
bien mangé leur pain blanc le premier, elles ne pourront estre
venduës a mon Inuentaire qu’à quelque charlatan qui ne sçaura
pas faire tant de tours de passe passe que moy, & qui ne fera
point iouër de si belles marionettes que i’en fis voir il y à deux
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Mazarin, Jules [signé] [1649], LETTRE DV MAZARIN, ESCRITE A L’AGENT de ses affaires à Rome. , françaisRéférence RIM : M0_2119. Cote locale : A_5_62.