Mazarin, Jules [signé] [1649], LETTRE DV MAZARIN, ESCRITE A L’AGENT de ses affaires à Rome. , françaisRéférence RIM : M0_2119. Cote locale : A_5_62.
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que le Cheualier de la Valette a publié à Paris, on ayt allegué
cette seule deffence contre ceux qui me taxoient d’vne insatiable
auarice, ie confesse entre nous que ce n’estoit point faute de
bon appetit, mais parce que ie ne les pouuois pas emporter comme
des Louys en Italie, où i’auois fait dessein de me sauuer, ie me
suis contenté de iouïr de l’Admirauté par confidence sous le nom
de la Reine, & du pouuoir de disposer des comptans, qui sont les
deux employs les plus lucratifs du Royaume, i’ay bien pris quelque
benefice de grand reuenu & en bon nombre que i’ay destinés
à entretenir vne partie de la despence de ma maison, comme celle
de l’escurie & de l’office, mais ie n’en ay point fait estat, parce que
quelque mesnage qu’ayent fait mes Intendans, qui ont taillé les
morceaux assez courts à mes plus bas Officiers, l’espargne de
chaque année n’a peu aller qu’à cent mil escus, i’entends bien
pourtant quels qu’ils soient de me les conseruer en Italie, car i’ay
des prouisions du Pape en bonne forme, & pour les faire vacquer,
il faudroit qu’on me fit mourir en iustice, & c’est où ie nargue
Messieurs du Parlement, car ie demanderay mon renuoy à Rome,
quoy qu’à n’en point mentir ie ne sçache point sur quel tiltre il
sera fondé, & s’il s’en trouue vn expres dans le droict canon, car ie
ne feuillette point ces liures Grecs, mais ie sçay bien que ces Messieurs
sont grandement formalisez, il suffit que le Pape l’ait voulu
mettre en vsage, & ils n’oseroient luy desplaire de peur qu’il ne les
punist de la suppression des Anates, pour reuenir i’ay voulu
establir ma fortuné sur de meilleurs fondemens que sur des simples
appointemens & des benefices, ie n’ay point fait de scrupule
d’enuahir le thresor du Roy tres-Chrestien, parce que comme ie
ne les enuoyois que dans les terres de l’Eglise, dont il est le fils
aisné, ce n’estoit point les porter hors de sa maison, i’ay trouué les
choses heureusement disposées pour mon dessein, les Ministres
n’ont point trouué estrange ce desir de prendre, la coustume en
estoit establie & authorisée en plein Conseil & par les edicts, il
n’y auoit qu’à s’associer & à viure en bonne intelligence, en suitte
pour mettre mon butin à couuert, i’ay eu assez de bon heur pour
faire naistre la guerre d’Orbitelle & de Portolongone, qui fit lors
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Mazarin, Jules [signé] [1649], LETTRE DV MAZARIN, ESCRITE A L’AGENT de ses affaires à Rome. , françaisRéférence RIM : M0_2119. Cote locale : A_5_62.