M. L. [signé] [1649], RESPONCE, ET REFVTATION du Discours intitulé. LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, PAR VN PROVINCIAL. , françaisRéférence RIM : M0_3443. Cote locale : A_8_79.
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autres, il n’y a point d’apparence Le Roy ne pourroit pas
estre Roy dont le suiet se pourroit dire independant de
son authorité ; & nous auons desia prouué comme les
Peuples sont suiets de leurs Princes sans reserue : Si donc
les suiets sont priuez de cette independance qui se doit
rencontrer entre ceux qui font des sermen de necessité
& d’obligation ; il s’ensuit que le Roy n’en peut pas faire
à ses suiets, parce qu’il faut que cette independance soit
en celuy qui reçoit le serment pour le rendre necessaire.
Ces veritez ne sont pas difficiles à comprendre, Monsieur,
& vous sçauez bien que Dieu ne peut s’obliger aux
hommes d’obligation necessaire, ny leur faire serment
qu’il soit obligé de tenir, s’il ne luy plaist, parce qu’il n’y
auroit nulle raison qu’il se contraignist, & s’il faut ainsi
dire, qu’il s’assuiottist & deuint redeuable à nostre bassesse :
La gloire de sa Maiesté seroit diminuée par cét attachement
qui le rendroit sousmis à sa creature ; & veritablement
cela ne se peut dire en nulle sorte ; il y a de la
contradiction dans cette pensée. Dieu ne seroit pas Dieu
s’il estoit obligé à quelque chose, & cette obligation presupposeroit
vne puissance au dessus de la sienne, à laquelle
il seroit redeuable par sa promesse. Il en est tout de
mesme des Roys qui sont l’Image de Dieu, & qui sont
des Dieux eux-mesmes en terre. Ils ne peuuent faire à
leurs suiets de ces sermens qui seroient autant d’adueus
de leurs sousmissions enuers des personnes qui leur doiuent
estre inferieures. A ce conte-là, me direz-vous, vn
Prince ne pourroit pas iurer à vn sauetier, par ce que l’extreme
difference de leurs conditions empesche vn serment
qui presuppose vne égalité entre deux personnes
iurantes. En cette occasion, Monsieur, on ne doit considerer
d’autre condition que celle de suiet ; tellement
que celle d’vn Prince & d’vn sauetier en cette consideration
sont égales : Aussi est-il vray que iamais le Prince
ne pactise auec ceux du bas estage, en qualité de Prince,
comme le Roy ne peut iamais s’obliger au Prince son
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M. L. [signé] [1649], RESPONCE, ET REFVTATION du Discours intitulé. LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, PAR VN PROVINCIAL. , françaisRéférence RIM : M0_3443. Cote locale : A_8_79.