M. L. [signé] [1649], RESPONCE, ET REFVTATION du Discours intitulé. LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, PAR VN PROVINCIAL. , françaisRéférence RIM : M0_3443. Cote locale : A_8_79.
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sanglantes cruautez, respectoient encore les Sacrificateurs
de leurs faux Dieux, & celuy-cy n’épargne pas
mesme la ville, les femmes, les petits enfans, & les bestes
de ceux de l’Eternel. Cependant ce grand Dieu irrité,
l’abandonne aux mains de Dauid, & cét admirable
offensé contente de couper vn bout de sa robe, encore
se repent-il de l’auoir fait. Il estime que cette action moderée
est vn crime dont il sent le remords incontinent ;
& dans cette pensée il s’écrie : Ia ne m’aduienne de par
l’Eternel, que ie mette la main sur son Oint. Encore
mesme que Saül aduerty de la bonté de Dauid, ne cesse
point de poursuiure sa vie, & qu’vne autre fois Dieu l’abandonne
à sa vengeance, il n’vse point de la facilité de
l’occasion ; il se met en colere contre ses gens qui le sollicitent
de tuer son ennemy, que Dieu, comme ils disent,
luy liure, & qui s’offre mesme au coup qu’il ne veut pas
faire. Il se contente d’emporter sa halebarde qu’il oste
du cheuet de son lict, pour luy apprendre seulement qu’il
auoit esté en son pouuoir de se vanger de sa barbarie : Ia
ne m’aduienne, dit-il tousiours, de mettre ma main sur
l’Oint de l’Eternel : car (comme il l’auoit vn peu auparauant
declaré) qui le fera & sera innocent ? Quoy doncques !
Dauid ne se fust pas estimé innocent de tuer vn
Tyran ennemy de Dieu & des hommes ; vn ingrat qui ne
vouloit payer que par le trespas la grandeur de ses rares
seruices ; vn reietté de la part de Dieu ; vn homme abandonné
du Ciel à sa vengeance, & nous estimerons que
quand vn Roy abuse de son authorité, nous cessons de
luy estre Suiets ? Luy qui estoit oint pour estre Roy en
Israël, respecte encore ce Tyran qu’il pouuoit destruire,
& quand il arriue qu’apres auoir esté défait en bataille,
vn ieune Amalecite le tuë par son propre commandement,
ou plustost par l’ordre de la Prouidence diuine, il
verse des larmes ameres, & apres auoir mené vn deüil extréme
sur son ennemy mort, il fait punir le meurtrier de
son bourreau, & ne croit pas encore s’estre assez acquité
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M. L. [signé] [1649], RESPONCE, ET REFVTATION du Discours intitulé. LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, PAR VN PROVINCIAL. , françaisRéférence RIM : M0_3443. Cote locale : A_8_79.