M. L. [signé] [1650], LETTRE OV EXHORTATION d’vn Particulier A MONSIEVR LE MARESCHAL DE TVRENNE, Pour l’obliger à mettre bas les armes. , françaisRéférence RIM : M0_2249. Cote locale : D_2_38.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 37 --

ame rebelle, & non pas vn esprit genereux comme est le vostre,
pour entreprendre ce que vous semblez auoit entrepris.
Nous sçauons bien, Monsieur, qu’il y a des mouuemens qui
sont hors de nostre puissance. Il n’est pas aisé de resister aux
premieres impetueuses saillies qui nous tirent de nostre raison ;
mais apres que ce coup de vent est passé, il faut rentrer
dedans la bonace, & n’exciter pas nous pourrions petit.
artificieux & pernicieux, par lesquels nous pourrions perir.
Si vous quittez les armes que vous auez prises, il y a encores
lieu de pardon, & il est encor temps de se repentir. Vn genereux
regret de vostre faute vous en fait obtenir la grace, &
chacun prendra plaisir à tout rejetter, sur l’inuincible violence
d’vne premiere & d’vne imprudente chaleur.

 

Laissez donc la, Monsieur, tout cet attirail de colere ces soldats,
ces canons, & tous ces preparatifs inhumains, de sang,
de carnage, & d’horreur. Nous allons entrer au Printemps,
la saison est plus belle à cueillir des fleurs, qu’à porter des
armes. Ne me dites point qu’on cueille des lauriers à la guerre,
ils sont verts, Monsieur, en toute saison ; mais si nous laissons
flestrir les roses & les œillets, nous ne les reuerrons
qu’vn autre année ; & puis à dire la verité, en cet incommode
exercice, on prend bien souuent les cypres pour des lauriers,
& l’on trouue encores bien moins de triomphes que
de funerailles. Si vous voulez toutefois vaincre & triompher,
faites vn choix digne de vous, pour vos victoires &
pour vos triomphes. N’auons nous pas assez d’ennemis sans
nous faire la guerre les vns aux autres, & si vostre courage demande
vn noble exercice, en peut-il trouuer de plus beau
que de seruir son Roy & sa Patrie, & d’humilier l’audace de
nos ennemis. Vous auez desia fait de si belles choses, nous
auons si bien chanté vos iustes exploits ; estes vous las de nos
applaudissemens, & trouuerez vous plus douces nos reproches ?
seriez vous de l’humeur chagrigne de cette ridicule
diuinité qui ne vouloit pas receuoir des louanges de ceux
qui l’adoroient, & qui n’en demandoit que des iniures. Desia
l’on commence à vous condamner, tout le monde murmure

Page précédent(e)

Page suivant(e)


M. L. [signé] [1650], LETTRE OV EXHORTATION d’vn Particulier A MONSIEVR LE MARESCHAL DE TVRENNE, Pour l’obliger à mettre bas les armes. , françaisRéférence RIM : M0_2249. Cote locale : D_2_38.