M. L. [signé] [1650], LETTRE OV EXHORTATION d’vn Particulier A MONSIEVR LE MARESCHAL DE TVRENNE, Pour l’obliger à mettre bas les armes. , françaisRéférence RIM : M0_2249. Cote locale : D_2_38.
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montagnes ny les riuieres, & il faut qu’il laisse la terre &
la mer. Ou la vertu, & la haine de vos desseins, ou la terreur,
& la crainte des supplices en retiendront tousiours
assez pour vous resister.

 

Au reste, croyez-vous que les Ministres de cet Estat
soient de si mauuais & de si foibles Politiques, qu’ils ne
soient pas fortifiez contre l’inconstance du peuple, & qu’ils
n’ayent ny resnes ; ny mors pour cet animal furieux ? quand
mesmes ils luy lascheroient la bride. Il est si las & si fatigué,
& ses dompteurs l’ont tellement mis hors d’haleine,
qu’il ne peut quasi respirer. Quel secours esperez-vous donc
de ses lassitudes & de ses foiblesses ? & quel appuy vous
pourroit-il est s’il a de la peine à se soustenir.

Peut-estre que vous pretendez qu’aussi bien qu’inconstant
il est infatigable, & que les François ont vn grand courage
auec vne grande instabilité. Peut-estre en croyez vous
comme de la palme, qui plus elle est chargée & plus elle se
soustient ; & comme de la nature des contraires qui deuiennent
plus vigoureux par l’attaque de leurs ennemis. Et bien,
donnons à nostre Nation vn cœur qui ne se lasse point des
trauaux & des peines ; aduoüons que comme le feu elle redouble
sa vertu par la resistance, & que iamais elle n’est plus
à craindre que lors qu’elle est plus oppressée & qu’elle semble
plus abatuë. Si son peuple prend les armes pour vostre
deffence & pour la sienne ; si vous en formez vn corps d’armée
considerable ; si vous en attirez la plus grande partie de
vostre costé, vous imaginez-vous estre inuinsible ? pensez-vous
que des lasches qui pourront abandonner leur Prince
legitime puissent auoir pour vous tant de fermeté ? & bien,
vous en pourrez gagner quelques-vns, vous en pourrez mesme
attirer vn grand nombre ; nous sçauons qu’il n’est point
de corps où il ne se trouue des humeurs peccantes ; nous sçauons
que les mauuaises corrompent ordinairement les bonnes :
mais quoy ; la corruption qui vous peut seruir ne peut-elle
pas aussi vous ruiner ?

Les chefs legitimes, ou les Princes naturels des peuples

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M. L. [signé] [1650], LETTRE OV EXHORTATION d’vn Particulier A MONSIEVR LE MARESCHAL DE TVRENNE, Pour l’obliger à mettre bas les armes. , françaisRéférence RIM : M0_2249. Cote locale : D_2_38.