Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1650], LETTRE DV ROY, SVR LA DETENTION DES PRINCES DE CONDÉ ET DE CONTY, & Duc de Longueville. Enuoyée au Parlement le 20. Ianuier 1650. , françaisRéférence RIM : M0_2197. Cote locale : D_2_35.
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traitement, tous les Bourgs & Villages, & la pluspart des Villes
ayans esté tellement exposez, ou aux pillages des troupes qui
portent son nom, ou à l’auarice de ceux qui s’estoient emparez de
son esprit, pour obtenir des deslogemens, que grand nombre de
familles ont esté obligées d’abandonner les lieux de leur demetre,
pour se retirer aux païs estrangers circonuoisins. Auec quelles
paroles enfin expliquerons nous l’affaire du Havre, & les moyens
criminels qu’il a tenus pour s’emparer de cette place, l’vne des
plus importantes du Royaume pour sa scituation, & sans contredit
la meilleure pour sa force ? Apres auoir employé diuerses pratiques
pour seduire la ieunesse de nostre Cousin le Duc de Richelieu,
afin de luy faire espouser clandestinement vne femme qui
par diuers respects est entierement dans sa dependance, non content
de nous auoir sensiblement offensé, pour s’estre rendu auec
le Prince de Conty & la Duchesse de Longueville sa sœur, les promoteurs
du mariage d’vn Duc & Pair, pourueu d’vne des principales
charges de l’Estat, sans nostre sçeu & sans nostre permission :
& d’auoir mesme voulu comme authoriser par leur presence vn
contract de cette nature prohibé par les loix du Royaume, comme
si ce n’estoit pas assez de s’estre emparé par cette voye illicite de la
personne d’vn ieune homme, il le fait partir la mesme nuict de ses
nopces, luy donne pour Conseil & pour Conducteur, celuy des
siens qui auoit esté desia employé à le débaucher, & le fait ietter
en diligence dans le Havre, afin de s’emparer aussi de cette place,
laquelle estant scituée à l’emboucheure de la riuiere de Seine, luy
peut donner lieu de maistriser Roüen & Paris, tenir en sa suiection
tout le commerce de ces deux grandes Villes, receuoir en vn besoin
des secours estrangers, & pouuoir introduire à point nommé
leurs forces dans le Royaume, quand pour ses fins particulieres il
auroit dessein de troubler l’Estat. Et dautant qu’il iugea bien qu’il
y auroit aussi tost nombre de Couriers dépeschez vers ledit Duc
de Richelieu, pour luy faire connoistre en cette rencontre nostre
interest & le sien : Il en dépesche plusieurs à l’instant pour faire arrester
en chemin les autres, violãt en cela au plus haut point qu’on
peut conceuoir, le respect, la fidelité & l’obeyssance qui nous sont
deuës. En suite dequoy, par vn attentat encore plus grãd, la Reine
ayant enuoyé elle mesme vne personne expresse à sainte More, qui
cõmandoit dãs le Havre, pour luy porter les ordres dãs vn euenement
de si haute consequence, & luy faire entendre l’obligation
qu’il auoit de nous conseruer la place sans y souffrir aucun chãgement :
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Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1650], LETTRE DV ROY, SVR LA DETENTION DES PRINCES DE CONDÉ ET DE CONTY, & Duc de Longueville. Enuoyée au Parlement le 20. Ianuier 1650. , françaisRéférence RIM : M0_2197. Cote locale : D_2_35.