Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1650], LETTRE DV ROY, SVR LA DETENTION DES PRINCES DE CONDÉ ET DE CONTY, & Duc de Longueville. Enuoyée au Parlement le 20. Ianuier 1650. , françaisRéférence RIM : M0_2197. Cote locale : A_9_38.
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entier à la Cour & à ses caballes, croyant le temps propre arriué de
cueillir le fruit qu’il s’estoit proposé, lors que toutes les Campagnes
il hasardoit vn combat général sur cette maxime dont il s’est souvent
expliqué, que gaignant la victoire il augmentoit sa reputation,
& auoit mesme de nouveaux pretextes plausibles de se faire
donner d’autres recompenses ; Et que la perdant, & nos affaires
venans en suite à tomber en desordre, il en seroit d’autant plus
consideré pour le besoin qu’on auroit de lui ; C’a esté alors qu’il
est devenu liberal de caresses, plus qu’à son ordinaire, & qu’il a
fait des recherches continuelles à tous les Gouuerneurs de places,
& à tous ceux qui possedent des charges de quelque consequence,
ou qui sont asseurez par des suruiuances, ou par d’autres moyens
d’y paruenir : Qu’il s’est engagé à nous presser pour tous les interests
indifferemment de quiconque s’est adressé à luy, sans
considerer s’ils estoient préiudiciables à l’Estat ou non : Qu’il a
fomenté tous les mécontans : Qu’il a flaté leurs plaintes, & leur a
promis de les assister : Qu’il a tasché de débaucher tous ceux qui
par gratitude ou par affection s’attachoient à nous & à leur deuoir,
diminuant le prix des graces qu’on leur auoit faites, ou leur voulant
persuader qu’ils n’en pouuoient à l’auenir esperer aucune
que par son moyen : C’a esté alors qu’il a exigé de ceux qui luy
offroient seruice, vn serment de fidelité de le luy rendre aveuglément
enuers & contre tous, sans exception de personnes, ni de qualitez,
& qu’il a persecuté ouuertement en diuerses manieres tous
ceux qui ne sont pas voulus entrer auec luy dans cette dépendance :
C’a esté alors que tout homme qui se donnoit à luy auoit le
merite & les qualitez pour estre préferé sans difficulté à tout autre
cõcurrent ; Que ceux qui se tenoient dans leur devoir sans autre
visée, que de nous bien servir, estoyent tous jours des lasches &
des gens de rien ; Que ceux ci-mesmes devenoyent en vn instant
de grands personnages dignes de toute sorte d’emplois & de recompenses,
dés qu’ils se deuoüoient à ses interests ; Ce qui estoit
vne voye seure de passer du neant au merite, & de l’inhabilité à
la suffisance : Comme il estoit infaillible d’acquerir son amitié &
sa protection, dés que l’on perdoit nos bonnes graces. C’a esté
alors qu’il a fait des diligences sans nombre pour auoir à luy tous
ceux qui auoient des charges dans nostre Maison ou pour la garde
de nostre personne : Qu’il a protegé ouuertement tous les délinquants,
pourueu qu’ils recourussent à luy, quoy qu’ils eussent
auant cela des attachemens contraires : Que la Maison a esté notoirement
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Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1650], LETTRE DV ROY, SVR LA DETENTION DES PRINCES DE CONDÉ ET DE CONTY, & Duc de Longueville. Enuoyée au Parlement le 20. Ianuier 1650. , françaisRéférence RIM : M0_2197. Cote locale : A_9_38.