Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1650], LETTRE DV ROY, SVR LA DETENTION DES PRINCES DE CONDÉ ET DE CONTY, & Duc de Longueville. Enuoyée au Parlement le 20. Ianuier 1650. , françaisRéférence RIM : M0_2197. Cote locale : A_9_38.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 11 --

il avoit non seulement dés les premiers iours qu’il en fut
parlé, donné son consentement, mais les avoit conseillées luy-mesme
six mois durant, comme les croyant fort vtiles :) Et ayant
en outre témoigné souhaiter que la Reyne luy promist vne sincére
& entiére affection ; Comme aussi de faire grande considération
des personnes qu’il luy recommanderoit dans les rencontres ;
Et enfin de luy dõner part genéralemẽt de tout ce qui se resoudroit
en quelque matiere que ce peust-estre : La Reyne eut la bonté
en premier lieu pour luy oster tout prétexte de degoust & de
méfiance de luy faire promettre qu’on ne conclurroit rien dans ces
alliances là, que de cõcert auec luy ; Et quant aux deux autres points
elle y engagea d’autant plus librement la parole, qu’elle ne se souvenoit
pas d’y avoir jamais manqué, & croyoit mesme d’auoir plûtost
panché du costé de l’excez que de l’obmission : Mais on connut
bien tost par son procedé à quel dessein il auoit exigé de la sorte
des promesses non necessaires, & que son but en cela n’auoit esté
autre que d’auoir vn nouueau pretexte de les estendre à demander
plus hardiment, & executer auec plus de hauteur tout ce qui lui
tomberoit dans l’esprit, qui pût seruir à aduancer son project de se
rendre maistre absolu des forces de l’Estat : Et en effet à quatre
jours de là, la correspondance dont il commença de payer la sincere
affection que la Reyne lui auoit promise, auec toutes les solemnitez
& seurtez qu’il auoit desirées, ne fut pas simplement de recevoir
en sa protection ceux qui la luy demanderent contr’elle, mais de
l’offrir luy mesme à diuerses personnes qui auoient encouru nostre
indignation, ou dés long-temps auparauant, ou pour des fautes
qu’ils venoient de commettre. Nostre Cousin le Mareschal de
Schomberg se trouua bien-tost apres en danger de la vie : on tient
d’abord sur cet incident vn Conseil dans la famille dudit Prince,
dont le resultat est de demander & d’emporter à quelque prix que
ce soit le Gouuernement de Metz & païs Messin pour le Prince de
Conty, qui estoit d’ailleurs en traité pour auoir aussi l’Eucsché de
Metz. La Reyne nostre tres-honorée Dame & Mere est forcée par
la folle conduite d’vn extrauagant, de le chasser hors de sa presence,
ledit Prince prend aussi tost sa protection à descouuert, l’empesche
de se retirer, veut mesme contraindre la Reyne à le reuoir, &
par vn insuportable manquemẽt de respect, qu’aucun Frãçois n’entendra
sans vne indignatiõ extreme : Il en vient iusqu’à menacer de
prendre cét estourdy dans sa maison, & de le mener tous les iours
deuant la Reyne : Et si on n’eust esté obligé par prudence à lui faire
Page précédent(e)

Page suivant(e)


Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1650], LETTRE DV ROY, SVR LA DETENTION DES PRINCES DE CONDÉ ET DE CONTY, & Duc de Longueville. Enuoyée au Parlement le 20. Ianuier 1650. , françaisRéférence RIM : M0_2197. Cote locale : A_9_38.