Anonyme [1650 [?]], LA BELLE GVEVSE. , françaisRéférence RIM : M0_579. Cote locale : C_2_20.
Cessez de murmurer contre l’arrest du sort, N’accusez point le Ciel de vous auoir fait tort Dans vn bien dont vous estiez digne, C’est peu que ce defaut pour vous mettre en couroux Et si c’estoit aussi quelque defaut insigne, L’amour ne seroit pas aueugle comme vous.
Ne nous enuiez point vn bien si dangereux Qui nous peut quelquefois empescher d’estre heureux En nous empeschant d’estre sages ; Vostre esprit en eschange a bien d’autres apas, Et vous auez sur nous cent nobles aduantages Pour vn que nous auons & que vous n’auez pas.
Vous nous sçauez charmer par ce qui manque en vous Cét illustre accident fait mesme des jaloux Dont vous dedaignez les requestes ; Et malgré vos mespris iniustes & diuers, Auec les yeux fermez vous faites des conquestes Que d’autres ne font pas auec les yeux ouuers.
Mais quand vous pourriez voir la clarté du Soleil, L’Aurore dans sa pompe & dans son apareil, Flore dans la saison nouuelle, Les tresors qu’aux humains les Cieux ont accordez Et ce que la nature a de beautez en elle, Vous en verriez bien moins que vous n’en possedez.
Anonyme [1650 [?]], LA BELLE GVEVSE. , françaisRéférence RIM : M0_579. Cote locale : C_2_20. |