Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1649], Lettre du Roy au Prévost des Marchands, Eschevins & Bourgeois de la ville de Paris, escrite le premier jour de Février 1649. , françaisRéférence RIM : M0_2142. Cote locale : A_1_9.
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disent-ils de ces personnes illustres, qui ont desia signalé leur zele en cette
occasion : Ils dévroyent avoir confusion d’avoir cette audace, de vouloir faire
passer leur rebellion pour vne fidelité, & de loüer des Princes, & des Seigneurs
d’vne action qui les couvre de houte, & accusera à la posterité leur memoire
de s’estre jettez dans vne si horrible faction. Que ces imprudens malicieux
masquent & déguisent tant qu’ils voudront leur pernicieuse ambition, l’on void
bien par leur discours quelle fin ils se proposent, lors qu’ils publient, que si leur
résistance ne fait que balancer les affaires, l’on verra naistre vne guerre civile,
qui donnera loisir aux estrangers d’entrer dans nostre Estat : ainsi ils ne
prétendent pas moins, que de r’emporter la victoire sur nos armes, ruyner nostre
auctorité, & nous soumettre à leur puissance imaginaire & desréglée, autrement
ils nous menacent si nous sommes seulement égaux à eux, d’vn renversement
géneral de nostre Estat, & que tout sera rempli de la confusion & des
desordres d’vne guerre civile. Chers & bien amez, considerez quels sont les
Officiers, & les Ministres de Iustice, qui veulent mettre le feu dans toutes les
parties de nostre Royaume, armer nos sujets les vns contre les autres pour eslever
sur leurs ruines, leur ambition, & vanger leur passion aux despens de la
perte de la vie, & de la fortune de nos peuples. Seroit-il bien possible apres
que ces vsurpateurs ont découuert, & fait paroistre leurs horribles sentimens,
qu’ils se trouve des gens si insensez ou ennemis de leur salut, qu’ils veuillent suivre
leur parti, engager leur vie & leurs biens pour fortifier leur injustice, & se
mettre au hazard de ressentir l’effort de nos armes, que nous emploirons de toute
nostre puissance pour vanger les injures que ces temeraires factieux font à
nostre auctorité, & pour leur faite porter les peines qu’ils méritent. Nous esperons
que Dieu qui est protecteur des Rois qui regnent selon son cœur, continüant
les benedictions qu’il a iusques icy versées si abondamment sur nostre
Régne, & sur nostre personne, nous donnera encores celle-là de vous toucher le
cœur pour retourner dans nostre obeyssance, & qu’il vous ouvrira les yeux pour
cognoistre le précipice auquel l’on veut vous ietter. Nous ne pouvons supporter
qu’avec vne extréme indignation, qu’ils accusent la Régence de nostre tres honorée
Dame & Mere qui a esté si avantageuse pour cette Couronne, que nous
devons à sa prudente conduite & à sa pieté, tous les heureux succez de nos armes,
& toutes les prosperitez que nous avons euës ; toute l’Europe les regarde
avec admiration, & à peine la posterité pourra croire que ce soit l’ouvrage de la
minorité d’vn Roy. Ainsi, chers & bien amez, ne soyez pas plus long-temps
insensibles aux sentimens de l’amour que nous avons pour vostre bien, & vostre
repos, mettez fin à vos miseres, rompez les fers de la servitude que l’on vous
a attachez, puis que nous vous tendons les bras pour vous recevoir en nostre
obeyssance qui vous rẽdra heureux, & nous dõnera moyen d’accomplir tous les
desirs que nous avõs pour vostre felicité, & celle de tous nos sujets, en terminant
toutes nos guerres par vne paix heureuse & glorieuse. Donné à S. Germain en
Laye le I. iour de Février 1649. Signé, LOVIS : Et plus bas, DE GVENEGAVD.

 

Imprimé à S. Germain en Laye, le 2 iour de Février 1649.

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Louis (XIV), De Guénégaud [signé] [1649], Lettre du Roy au Prévost des Marchands, Eschevins & Bourgeois de la ville de Paris, escrite le premier jour de Février 1649. , françaisRéférence RIM : M0_2142. Cote locale : A_1_9.