L. T. E. [signé] [1649], LES IVSTES RESSENTIMENTS DV TIERS ESTAT, POVR LE RETOVR DV ROY en sa Ville de Paris, & pour le restablissement du Commerce de tous ses Estats. DEDIEZ A LA REYNE REGENTE. , français, latinRéférence RIM : M0_1789. Cote locale : A_8_17.
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& sur iceluy il sera assis en verité au Tabernacle de Dauid,
iugeant & recherchant iugement, & rendant promptement
justice, auec clemence, douceur & mansuetude,
qui est la sacrée odeur de ces trois Lys, qui prennent
leur tige au sein de Dieu, & qui ne faniront iamais :
Aussi il est comparé au Lys des vallées, & non sans mystere ;
Car cette fleur est le Symbole de l’innocence &
de la candeur Il ne faut donc s’estonner si nos Roys
portent en leur champ de bataille ces trois nobles Lys,
veu qu’ils sont les Fils aisnez de l’Eglise, & par consequent
les plus vertueux & innocens.

 

La Peinture, MADAME, peut bien flatter la veuë,
la Musique charmer les oreilles, les senteurs & parfums
peuuent faire impression sur l’odorat, mais tout cela
n’est qu’illusion en comparaison de la Paix, sans laquelle,
quand on possederoit autant de biens que Cresus, ils
ne seruiroient qu’à donner de la tristesse plustost que de
la ioye ; aussi elle a esté desirée auec passion de Dauid :
C’est elle qui fait iouyr auec volupté des plaisirs de la
vie, & d’autant plus que le cliquetis des armes, & le
tonnerre foudroyant des canons a esté grand, & causé
des amertumes dans l’ame, d’autant plus la Paix apporte
de ioye. Aristote & Galien asseurent, que iamais
la santé n’est plus parfaite qu’apres vne seuere &
rude maladie, ce qui se void par experience. Et le Laboureur
trouue le comble de sa satisfaction, lors qu’apres
vn penible trauail il fait vne bonne & plantureuse
recolte ; De mesme que la Mer n’est tant en son repos
& dans son calme, qu’apres estre battuë des agitations &
des flots impetueux. Ainsi l’on ne gouste les plaisirs de
la Paix qu’apres les foudres & tempestes de la guerre, &
iamais l’on ne prend l’aliment du corps auec tant de delices,
qu’apres auoir supporté les injures d’vne rude
faim.

Que Cerés donc, & Bacchus se conioüissent, leurs
vastes deserts ne seront plus en friches, ils reprendront

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L. T. E. [signé] [1649], LES IVSTES RESSENTIMENTS DV TIERS ESTAT, POVR LE RETOVR DV ROY en sa Ville de Paris, & pour le restablissement du Commerce de tous ses Estats. DEDIEZ A LA REYNE REGENTE. , français, latinRéférence RIM : M0_1789. Cote locale : A_8_17.