dans cette saincte conqueste, & qu’ils ont essuyé tous
les écueils où plusieurs auroient fait naufrage. Quelles
sont les acclamations & allegresses iointes auec les remercimens
& motifs de reconnoissance, qui ne se peuuent
exprimer. Ce m’est assez de dire que les prieres
des bons François montent comme vn parfum tresodorant,
penetrant les dimensions des nuës. En vn mot
elles vont s’éuaporer au sein de Dieu, inuitant sa bonté
de departir ses graces, ses dons & ses faueurs à ces illustres
Liberateurs, & de les combler en cette vie de
felicité, & en l’autre d’vne gloire immortelle.

Voila à peu prés, MADAME, les vœux & les saincts
desirs des veritables François, qui se sont veus comme
enseuelis dans vn bourbier & precipice, d’où ils ne se
pouuoient retirer ; mais comme de pauures Elemosinans
ont eu recours à la priere, par l’efficace de laquelle
Dieu a suscité ces venerables & tres-respectueux
Senateurs, & ces inuincibles Guerriers, qui ont touché
& fléchy vostre Majesté à compassion, & qui l’ont obligée
par leurs soins & sollicitations à faire vne glorieuse
paix : mais puis qu’elle s’est renduë susceptible aux clameurs
du peuple, & que par vne bonté qui luy est naturelle,
elle a concedé ce qui luy est necessaire pour son
repos, il luy rendra vne gloire immortelle auec des
remercimens infinis, suiuis de mille benedictions &
loüanges, accompagnez de vœux & de precations pour
vne santé Royale, si necessaire à son Estat & à ses peuples,
qu’elle gouuerne auec non moins de tendresse
qu’vne bonne mere à l’endroit de ses enfans.

Mais reuenant à ces grands courages, qui ont esté les
glorieux Agens de cette Paix ; desormais on ne fera plus
retentir l’air de clameurs lugubres, & on quittera les
chants sinistres & effroyables, l’on n’aura plus que des
Airs de resioüissance & des Psalmes de letification, le
sujet en sera d’autant plus grand, que dans peu de
temps cette Monarchie sera rétablie, & tous les membres