traittées Madame, & n’auons nous pas raison de benir
vostre regence & l’eminente administration du Cardinal
Mazarin, c’est vn personnage qui merite bien que
nos maris soient sacrifiez pour luy, lors que nous les
voyons occupez en Allemagne pour le maintien de
l’Estat & de la Couronne, Quoy que les Generaux
baillassent des batailles assez temerairemẽt nous souffrions
auec quelque patiẽce leur esloignement & l’hazard
de leur vie, pource que nous nous y proposions
quelque honneur, mais maintenant que toutes leurs
victoires ne peuuent estre que des parricides & des attentats
contre leur patrie, contre leurs parens, contre
leurs amis & contre eux-mesmes, cela auec beaucoup
de raison & de justice nous desespere De quel œil pensez-vous
Madame que nous puissions voir nos ennemis
en voyant nos maris, ceux qui auront peut estre
tué nos freres, nos amis & nos parens, qui auront fait
mourir de faim nos filles, nos enfans & nos nepueux,
non Madame, de quelque force que ce nœud nous assemble,
nous ne pouuons point tenir pour nos maris,
ceux qui font la guerre à nostre patrie, nous les rejettons
comme infames, comme gens qui ne meritent
point nostre possession, ce n’est pas Madame, que nous
ayons aucune pensée d’en prendre d’autres, Nous nous
sommes declarées vefues dés l’instant mesme que nous
auons sceu nos maris engagez en ce detestable party ;
mais nous protestõs que s’il estoit en nostre désir d’en
faire choix, que nous choisirions de nos braues & genereux
Chefs qui deffendent si bien nos murailles. Enfin
Madame ne pensez pas qu’aucun desir nous prenne

Page précédent(e)

Page suivant(e)