Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652 [?]], LE VRAY ET LE FAVX, De Monsieur le Prince & de Monsieur le Cardinal de Retz. , françaisRéférence RIM : M0_4068. Cote locale : B_10_17.
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contraires, par tant d’agitations si differentes & qui seroit
peut estre absolument desesperée, si la patience qu’il a
eu en beaucoup de rencontres à l’esgard de ses ennemis, n’eust
adoucy les remedes vigoureux, desquels & sa conduitte ordinaire,
& les experiences passées nous doiuent persuader qu’il
est assés capable. Ie louë sa moderation & i’aduouë que
n’aiant iamais eu l’honneur de le connoistre, que par vne reputation
soustenuë à la verité par de grandes actions, mais par
des actions pleines pour l’ordinaire de vigueur & de force :
I’aduouë dis-je qu’ayant examiné la conduite qu’il a tenu
dans ces dernieres conionctures i’ay joint à l’admiration que
i’ay tousiours eüe pour ses grandes qualités vne estime & vn
respect tres-particulier pour sa moderation & pour sa sagesse, &
ce respect est l’vnique cause de cét ouurage, puisque i’ay creu
que ie deuois par toutes les regles de la iustice à vne innocence,
qui s’estoufe, pour ainsi parler elle-mesme, pour le seruice du
public, vn eclaircissement que ie rends depuis long-temps dans
le fond de mon ame au pur amour de la verité.

 

Dans toutes les reflections que i’ay fait sur l’estat des affaires,
depuis ces mal-heureux troubles qui nous diuisent, & qui nous
ruinent, i’ay obserué que le plus grand de tous nos maux & peut-estre
la source de toutes les autres a esté vn aueuglement prodigieux,
qui nous a empesché dans vne infinité de rencontres de
iuger sainement, & il semble que par vn chastiment du Ciel,
nous ayons estoufé dans nous-mesme cette science si necessaire
de la connoissance & du discernement ; nous laissons emporter
nos esprits au premier bruit que seme l’artifice, que iette l’imposture,
que le hazard mesme produit quelquefois, nous permettons
à nostre croyance ce qui deuroit estre destruit par la
premiere reflexion, & cét erreur qui s’est pû guerir autrefois
par le bon sens à fait vn tel progrés en ce siecle, par ce grand &
tout extraordinaire partage des esprits qu’elle à produit, qu’il
est raisonnable dans vne infinité d’occasions de se deffendre soy-mesme
de son raisonnement, ou du moins qu’il est assés iudicieux
de le soûtenir en beaucoup de rencontres par la discussion
des éuenements qui s’estants depuis 3. ou 4. ans tant de fois
trouués contraires à tout ce que l’on à voulu faire croire, nous
marque aumoins plus fortement que ne peuuent faire des contestations

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Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652 [?]], LE VRAY ET LE FAVX, De Monsieur le Prince & de Monsieur le Cardinal de Retz. , françaisRéférence RIM : M0_4068. Cote locale : B_10_17.