Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1649 [?]], A Nosseigneurs de Parlement. , françaisRéférence RIM : M1_2. Cote locale : D_1_15.
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Cette violence estrange sembloit estre le preparatif d’vne
plus grande & faisoit presumer qu’il y auoit dessein sur les personnes
des Ducs de Vandosme & de Mercœur, que cette troupe
s’efforça d’attirer en embuscade par l’alarme qui fut donnée,
& que l’on reconnut apres par les grenades & feux d’artifices
que les assassins laisserent dans le chemin de leur rettaite.

Ce traittement fait auec surprise à deux Gentils-hommes,
dont l’vn est encore auiourd’huy dans le plus noir cachot de la
Bastille, obligea tous leurs compagnons de chercher ailleurs
leur seureté & s’esloigner de telles violences : dés l’heure qu’on
sçait qu’ils se sont retirez d’aupres le Duc de Vandosme, dix
Compagnies du Regiment de Picardie, quatre Cornettes de
Caualerie de Moüy, la Compagnie des Mousquetaires du
Roy, nombre de Preuost & d’Archers inuestissent Anet, & accompagnent
le porteur d’vne lettre de cachet de sa Maiesté,
qui demandoit au Duc de Vandosme les Gentilshommes,
que le mal-heur de leurs compagnons auoit fait escarter, &
qu’vn simple vallet de pied pouuoit auant cet esclat mener où
il auroit pleu à sa Majesté. L’aproche & le bruit de ces troupes
surprennent le Duc de Vandosme qui n’en connoissoit point
le dessein, & le contraignent d’abandonner sa maison d’Anet,
pour se retirer en celle de Vandosme, vsant de la liberté que la
lettre du Roy du troisiesme Septembre mil six cens quarante-trois,
luy donnoit de toutes ses maisons : l’exploit de ces troupes
fut de donner temps à vne perquisition qui se fit au chasteau
d’Anet, des Gentils-hommes qu’on sçauoit bien n’y estre pas,
d’intimider les Officiers de la Iustice ordinaire du lieu qui auoient
informé de la violence, & d’escorter le sieur de Corberon
qui fit procez verbal de l’estat où estoit lors la maison de la
du Breüil, que les Archers auoient pillée, & que les parens méme
de cette infame, qui en estoient proprietaires auoient commencé
de démolir. Sur ce simple procez verbal condemnation
est ensuiuie solidaire sur tous les habitans d’Anet, qui leur couste
plus de vingt milliures, & cause leur ruine entiere par la recompense
qu’on a prise sur ces pauures habitans pour donner à
cette infame, outre la pension annuelle de quinze cent liures,
qui luy est asseurée par lettres patentes pour ses grands & considerables
seruices, & vn si scandaleux stratageme.

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Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1649 [?]], A Nosseigneurs de Parlement. , françaisRéférence RIM : M1_2. Cote locale : D_1_15.