Gondi, Jean-François Paul / [cardinal de Retz] [1649], SERMON DE S. LOVIS ROY DE FRANCE, FAIT ET PRONONCÉ DEVANT le Roy & la Reyne Regente sa Mere. PAR MONSEIGNEVR L’ILLVSTRISSIME & Reuerendissime I. F. Paul de Condy Archèuesque de Corinthe, & Coadjuteur de Paris: A PARIS DANS L’EGLISE DE S. LOVIS des PP. Iesuites, au iour & Feste dudit saint Louis, l’an 1648. , français, latinRéférence RIM : M4_79. Cote locale : C_10_11.
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dans vos vaines, & ce beau naturel que l’Europe admire dans les commencemens
de vostre vie, ne vous permettront iamais de vous en dispenser,
mais pour prendre sur ce fond vn iuste suiet de vous expliquer en peu de
paroles la plus importante, & sans doute la plus necessaire des instructions ;
c’est, SIRE, la distinction du droict positif de vostre Royaume, & du droict
naturel qui oblige tous les hommes. Le droict positif de vostre Estat fait que
la Reyne vostre Mere & vostre suiette, & ainsi il la sousmet à vostre Maiesté.
Le droict naturel, qui est au dessus de toutes les Loix, sait que vous estes son
fils, & ainsi il vous sousmet à elle. Distinguez, SIRE, ces obligations, elles
ne sont point contraires, mais il les faut entendre. Ie ne les touche qu’en passant,
parce que ie ne doute point que la sainte education que vous receuez,
ne vous permettra point de les ignorer. Aussi est-ce en cét endroit & en ce
point & en plusieurs autres la connoissance la plus importante & la plus necessaire
aux Princes.

 

S. Louis n’eust pas plutost atteint vn aage raisonnable, qu’il se trouua enueloppé
dans vne grãde & difficile guerre, emeuë par quelques Princes mescontens
dans son Royaume, fomentée par l’Anglois, & soustenuë par ces
belliqueuses Prouinces, que cet ennemy fier & puissant possedoit en ce
temps-là dans cet Estat. Ce genereux Prince s’opposa courageusement à ses
iniustes entreprises. Il fit voir à toute la terre que la veritable pieté n’est point
contraire à la veritable valeur, il r’affermit son Estat esbranle, il porta la terreur
& l’effroy dans les terres & dans les trouppes estrangeres, il soustient, ou
plustost il força luy seul sur le pont de Taille-bourg l’Armée Angloise, auec
vne fermeté plus merueilleuse que celle que l’Antiquité Romaine a consacrée
auec tant de gloire à la posterité ; il arresta ce débordement du Nord, qui
grondoit desia contre la France, & qui depuis a esté si furieux, qu’il a failly à
emporter les plus braues de ses Successeurs. Ie n’apprehende point de vous
presenter dans vne Chaire de paix ces images sanglantes de carnages & de
meurtres, puisque les guerres de saint Louis ont esté de ces guerres sanctifiées,
dont l’Escriture mesme parle auec Eloge, Sanctificate bellum, sanctisicate
arma. Il a sanctifié la guerre en luy donnant vne iuste cause, qui fut la seureté
de ses peuples, & en la portant à vne iuste fin, qui fut vne glorieuse paix. Il
a sanctifié les armes en temperant leur violence par les loix de la discipline
Chrestienne. Ainsi tout tourne en bien à ceux qui ayment Dieu. Diligentibus
Deum omnia cooperatur in bonum. Ainsi la guerre mesme entre en part de la
saincteté de saint Louis. Ainsi les Roys se sauuent en donnant des batailles,
pourueu que ces batailles se donnent pour la conseruation ou pour le repos
de leurs suiets. Et saint Louis sans doute a plus merité par les ordres qu’il a
donnez à la teste de son armee, qu’il n’eust peu faire par les prieres & par la
retraitte de son cabinet.

On ne s’applique pas auec assez de choix à la pieté ; on n’a pas assez de discernement
pour distinguer les differentes conduites que l’on doit prendre
dans les differens employs. Il y a des actions de pieté qui sont communes à
toutes les professions, il y en a qui sont particulieres à chaque profession. I
est important de ne les point confondre ; & ceux qui les confondent se mettent

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Gondi, Jean-François Paul / [cardinal de Retz] [1649], SERMON DE S. LOVIS ROY DE FRANCE, FAIT ET PRONONCÉ DEVANT le Roy & la Reyne Regente sa Mere. PAR MONSEIGNEVR L’ILLVSTRISSIME & Reuerendissime I. F. Paul de Condy Archèuesque de Corinthe, & Coadjuteur de Paris: A PARIS DANS L’EGLISE DE S. LOVIS des PP. Iesuites, au iour & Feste dudit saint Louis, l’an 1648. , français, latinRéférence RIM : M4_79. Cote locale : C_10_11.