Pardonnez moy donc, Monsieur, s’il vous plaist,
si ie vous dis que ce n’est pas pour luy que vous
combattez, puisque personne ne luy fait la guerre,
& sur tout en ce fascheux temps d’Hiuer, où au
lieu que vos soldats deuoient se rafraischir pour
mieux combattre apres contre leurs propres ennemis,
vous les exposés & vous mesme le premier,
à toutes les iniures du temps, à quoy cette saison
est suiette, vous les faites combattre sans Soleil au
milieu des boües & des chemins, & le plus souuent
la pluye ou la neige sur le dos.

Mais encore, Monsieur, pour qui combattez
vous ? ce n’est point pour le Roy, puis qu’il n’est pas
en âge de se faire des ennemis, ce n’est point pour
vous, puisque vostre valeur agit sans interest : est ce
que vous voulez aprendre vos soldats à combatre
en tout temps ? c’est vne methode qui ne fut iamais
obseruée : est ce que vous voulez aprendre à combattre
dans vostre pays ? c’est vn dessein qui n’est secondé
d’aucun auantage, puisque si vous estes victorieux,
ce sera de vous mesme & de ceux qui
vous appartiennent, si vous estes vaincu, ce sera
vne honte à vous d’estre vaincu par vos propres
compatriots Mais est-ce que vous voulez chastier
des rebelles, permettez moy, Monsieur, que i’ose
vous dire que toute la terre sçait l’innocence de
ceux contre qui vous combattez, & qu’elle est
aussi-bien appuyée de la iustice, que la guerre que