Du Pelletier, Pierre [1649], MAXIMES ROYALLES PRESENTEES AV ROY. , françaisRéférence RIM : M0_2428. Cote locale : A_6_3.
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est pire dans les Republiques que les pestes & que les
in cendies. Ne m’auoüera-on pas que le flatteur est
plus punissable, que celuy qui iette du venin dans
vne source d’eau, lors qu’il donne des couleurs aux
vices des grands, dont il espere des pensions ou des
caresses, & son meilleur seruice est d’auancer le mal
ou de le déguiser. Mais apres tout, passons à la clemence,
qui est la vertu qui mõte auec nos Roys dessus
leur Trosne, qui les accompagne dans le cabinet, en
vn mot, qui est leur inseparable. Que les autres mettent
dans leurs armes des haches, des Lyons, des roses,
& d’autres signes de cruauté, nos Monarques ont
dans les leurs des fleurs sans espines, pour nous apprendre
qus c’est par la douceur qu’ils regnent, &
non par la terreur. Que i’estime la pensée de celuy
qui a dit, que comme c’est la gloire du Medecin de
sauuer ses malades, que c’est la gloire d’vn Prince de
sauuer ses citoyens. Et pour couronner ces Maximes,
par celle que i’estime estre la plus importante, ie diray
que si le Souuerain veut auoir des vassaux qui soient
vertueux, il faut qu’il leur en donne l’exemple ; vn
Roy chez les anciens fut repris d’estre trop grand
rieur, dautant que toute sa Cour n’estoit plus qu’vn
Theatre de bouffons, & de farceurs. Ainsi que dans
les corps les maladies qui tombent de la teste sont extremement
dangereuses, les vices qui viennent des
Princes qui sont les testes des Estats, ne le sont pas
moins. Il en est d’eux comme d’vn premier mobile
qui donne le bransle aux Cieux qui luy sont inferieurs,
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Du Pelletier, Pierre [1649], MAXIMES ROYALLES PRESENTEES AV ROY. , françaisRéférence RIM : M0_2428. Cote locale : A_6_3.