intolerable ne peut souffrir que la France languisse
encore soubs la pesanteur de ses fers. Il y a trop long
tems qu’elle ploye le cou soubs ses chaines, & le Ciel
vous a destiné pour estre son liberateur lors quelle
seroit au poinct du sacrifice. Ne m’auoüra on pas
que c’est vn des prodiges de nostre siecle qu’vn
Prince na gueres captif soit forty de sa prison par vn
miracle, & que cet illustre prisonnier dont la liberté
fit trembler ses ennemis soit auiourd’huy l’Ange
exterminateur de la tirannie ? Pour moy, Monseigneur,
i’y remarque vn effet tout particulier d’vne
puissance souueraine, & pour peu que les ennemis
de l’Estat ayent de sens commun ils iugeront par là
que les Dieux combattent icy pour la cause la plus
iuste Il est aisé à iuger que celuy qui peut affermir
le Trône d’vn grand Monarque est indigne de la
prison. Il faut que ie vous confesse que ie vis en Anacorette,
& que ie n’ay pas les yeux assez bons pour
penetrer dãs les affaires, mais i’ay bien cru que notre
cause étoit la meilleure, puis que vous vous estes opposé
au party contraire, & c’est le raisonnemẽt que
forment auiourd’huy les esprits les plus grossiers.
Cette façon de raisonner est tres-plausible & capable
de conuaincre les moins rasinez en la politique,
& cette science est pour moy, ce qu’estoit le Sanctuaire
aux profanes. Ce sont mes sentimens que
i’ose vous exposer icy sans aucun artifice, & ie veux
mal à ma destinée, qui m’a fait prendre vne façon
de viure bien differente de celle de la guerre, puis

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