iamais leu. Il suffiroit aussi pour le conuaincre de produire ses
propres escrits, puis que les aueugles mesme y peuuent remarquer
ce soin merueilleux qu’il prend de s’esloigner tousiours,
comme d’vn escueil, où il feroit naufrage, de la these
dont nous partons. Et il seroit à souhaiter que le Pere
Fueillant qui les a entre les mains, les communiquât au public,
auec les responses qu’il y a faites ; afin qu’on fut pleinement
informé de toute cette affaire, qui merite d’estre
sceuë de tous les amateurs de la verité.

Certes, MONSEIGNEVR, il seroit bien estrange qu’apres des preuues si claires, & de si sortes conuictions, le Pere Des-Mares
fut assez vain pour publier par tout qu’il a reussi à
merueilles dans la Conference de S. Sulpice, & qu’il en a
remporté de grands auantages sur le Pere Fueillant : & il
n’est pas croyable qu’vn homme solidement vertueux, comme
il est, soit capable d’vne vanité si mal sondée, & si puerile.
Il y a plus d’apparence qu’on luy preste cette charité,
& que ceux qui sont semblant de releuer sa gloire aux despens
d’vne verité si connuë, ont dessein de le rendre doublement
ridicule, en feignant qu’il s’attribue la victoire
d’vne rencontre, où il a lasché le pied fort honteusement,
& dont le souuenir luy doit plustost fournir vn motif d’humilité
deuant Dieu, qu’vn sujet de vanité aux yeux des
hommes. Il faut confesser neantmoins que le Pere Des-Mares
est en cela sort loüable, qu’il ne voulut point attaquer
vne proposition qui est soustenuë vniuersellement par
tous les Catholiques, comme le Pere de S. Ioseph l’a monstré
depuis peu dans vn liure intitulé, Consensus orbis, où l’on
voit vne parfaite conspiration des Theologiens, auec les
SS. Peres à releuer cette bonté admirable de Dieu qui veille
incessamment à nostre salut, & qui ne refuse iamais à personne
les aydes necessaires pour accomplir ses commandemens,
& pour éuiter le peché. Mais il seroit encore beaucoup
plus digne de loüange, si mettant à part quelques raisons
humaines, qui le retiennent dans vne doctrine qu’il ne
sçauroit defendre, il se rangeoit dans les sentimens communs