Caussin, Nicolas (R. P.) [signé] [1649], LETTRE DV R. P. N. CAVSSIN DE LA COMPAGNIE DE IESVS. A VNE PERSONNE ILLVSTRE Sur la curiosité des Horoscopes. , français, latinRéférence RIM : M0_2132. Cote locale : C_3_75.
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humaines permettent, ne soit vne science tres-excellente,
quand il ny auroit autre chose que de reconnoistre les secrettes
& admirables liaisons que nous auons auec le Ciel,
dans les inclinations des hommes, & dans les choses qui
regardent l’estat du corps, ce ne seroit pas peu de chose.

 

Quand elle ne feroit autre profession que de predire les
dispositions de l’air & du temps, c’est vne science d’Ange,
dont les Roys & les Philosophes ont fait gloire ; mais elle
est tous les iours extremement des-honnorée par vn tas de
broüillons qui font estat d’escrire des Almanacs, sans sçauoir
le cours d’vn seul Astre, de sorte qu’ils nous renuersent
tout le Ciel en leur idée, ils ne peuuent produire autre chose
que ce qu’ils ont conçeu sans estude, & sans iugement, pour
entretenir ainsi la credulité du petit peuple. D’autres sçauent
quelque chose aux estoilles, mais ils s’atachent trop à
ces maisons, ces Seigneuries, & ces dominations des planettes
qui sont imaginaires & qui les trompent incessamment.

Il y a vne Astrologie plus sçauãte & plus naturelle, qui ne se
contente pas de suiure le leuer & le coucher des estoilles fixes,
les routes du Soleil & de la Lune, l’application des Planettes,
mais considere aussi les climats, les vents, & toute la
disposition de la nature inferieure dont elle tire des coniectures
fort iudicieuses & fort loüables ; i’en ay veu qui predisoient
la serenité, les pluyes & les orages, à iour nommé ce qui
est merueilleux dans vne si grande abondance de causes qui
se retreuuent en cette consideration, & dans vne si profonde
difficulté qui naist de l’inconstance tres variable de l’air.

Mais il y a certains esprits ignorants en ce mestier & fort
opiniastres, qui contrarient les predictions de l’Astrologie, &
ne pensent pas qu’on leur predise rien, si on ne leur compte
presque les goutes de pluyes qui doiuent tomber au iour assigné,
& si on ne leur specifie le moment de leur cheute : &
d’autres par vn esprit de contradiction nient qu’il y ait tempeste
lors que les esclairs leur donnent dans les yeux, & que
les tonnerres grondent dans leurs oreilles, & que la pluye
tombe de tous costez : i’approuue fort ce temperament de raison
qui ne donne pas tout aux Astres, & aussi qui ne leur oste
pas tout ce que Dieu leur a donné.

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Caussin, Nicolas (R. P.) [signé] [1649], LETTRE DV R. P. N. CAVSSIN DE LA COMPAGNIE DE IESVS. A VNE PERSONNE ILLVSTRE Sur la curiosité des Horoscopes. , français, latinRéférence RIM : M0_2132. Cote locale : C_3_75.