Bonair [signé] (L. S. D. B.) [1649], PANEGIRIQVE POVR MONSEIGNEVR LE DVC DE BEAVFORT PAIR DE FRANCE, ADRESSĖ A MONSIEVR DE PALLETEAV, PAR L. S. D. B. , françaisRéférence RIM : M0_2666. Cote locale : A_6_65.
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pensées du feu Roy, qui confia à sa vertu & à sa fidelité la garde pretieuse
des Enfans de France. Ce noble & important employ qu’on
luy a arraché est vne iniure qu’on a fait à la memoire de LOVYS
XIII. & vne playe qui seignera long-temps, & dont la consequence
est tres-dangereuse.

 

Vostre Prince n’a-il pas vn iuste suiet de se plaindre des excez
& des violences qu’il a receuës en la personne de sa Majesté, & de
Monseigneur le Duc d’Anjou, qu’on a enleués, & qu’on expose
auec indiscretion aux iniures du temps, & aux incommoditez
d’vne si rude & si facheuse saison.

Voila le tort qu’on a fait à vostre PRINCE ; car pour ce qui regarde
sa personne, il est veritable que son ennemy n’a fait voir que
de l’impuissance, & la gloire que son ALTESSE tire de sa prison est
vn des plus beaux lauriers qui couure auiourd’huy sa teste, puis que
tout nud & tout desarmé, il a paru plus fort & plus vigilant que le
donjon du bois de Vincennes, & que toutes les gardes qui veilloient
pour s’asseurer de sa personne.

Quelque longue & dure qu’ait esté sa prison, elle luy a seruy pour
le moins à faire voir, que son esprit estoit ferme dans tous les rencontres,
& que sa vertu triomphoit également des outrages & des
charmes de la fortune. C’est en effet ignorer la principale partie
de la vie, que de ne connoistre que la prosperité. Et on loüe Cesar
& Alexandre, parce qu’ils ont tousiours esté heureux en la conduite
de leurs desseins ; Et les afflictions & les disgarces auroient peut-estre
abbatu leur courage, & humilié les hautes qualitez qui les ont
passer pour les premiers hommes du monde.

La liberté que vostre genereux PRINCE s’est acquise, n’a pas
moins de solidité que d’esclat. C’est vn bien qui n’a point de prix
& dont il n’a point voulu auoir d’obligation à personne. Et nous
pouuons dire, MONSIEVR, que ce miracle est vn pur effet de son
adresse & de sa generosité, & vne preuue illustre de son esprit, qui a
manié si dextrement vne si haute & si hardie entreprise.

On voit fort peu de personnes dans l’Histoire, qui ayent conserué
vne mesme constance dans l’vne & dans l’autre fortune. N’auons-nous
pas veu auec déplaisir vn des premiers hommes de nostre
siecle, qui par l’esprit le plus poly de son temps, par sa bonne
mine, par la douceur de ses mœurs, par sa ciuilité, par sa courtoisie,
par sa conuersation agreable, par son abord charmant, par ses

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Bonair [signé] (L. S. D. B.) [1649], PANEGIRIQVE POVR MONSEIGNEVR LE DVC DE BEAVFORT PAIR DE FRANCE, ADRESSĖ A MONSIEVR DE PALLETEAV, PAR L. S. D. B. , françaisRéférence RIM : M0_2666. Cote locale : A_6_65.