Bonair [signé] (L. S. D. B.) [1649], PANEGIRIQVE POVR MONSEIGNEVR LE DVC DE BEAVFORT PAIR DE FRANCE, ADRESSĖ A MONSIEVR DE PALLETEAV, PAR L. S. D. B. , françaisRéférence RIM : M0_2666. Cote locale : A_6_65.
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me puisse rien offrir qui soit digne de vous, & qui soit capable de
respondre au grand honneur que vous voulez me procurer.

 

La protection de Monseigneur le Duc de BEAVFORT est vn
bon heur que ma mauuaise fortune se peut promettre. C’est la gloire
& l’ambition des Heros de secourir les innocens qui sont opprimez,
& de rompre les chesnes & briser les fers à ceux qui les reclament
dans leur mal-heur.

Ce n’est donc pas inutilement, MONSIEVR, que i’ay adressé
mes vœux à vn si grand PRINCE, & particulierement au déplorable
estat où ie suis, & où il semble que le sort ne m’ait voulu reduire
que pour faire faire à son ALTESSE, vne action qui soit digne
d’ELLE, & qui ne puisse estre tirée en exemple.

Puis qu’il est l’esperance & le souhait des peuples, il aura sans
doute pitié de celuy qui a esté attaché à son seruice ; & ie seray
plus heureux que des nations entieres qui gemissent auiourd’huy
sous la domination des Barbares & des Infideles ; Et il n’est
que trop vray, MONSIEVR, que la Chrestienté a esté de nouueau
entamée, & les Venitiens ont perdu vn Royaume, parce que
le Bois de Vincennes enfermoit celuy qu’ils demandoient pour
generalissime ; Celuy, dis-je, qui est né pour la ruine des Tyrans, &
pour humilier la Puissance Ottomane.

N’est-il pas heritier des hautes Vertus & des rares qualitez des
BOVRBONS & des Princes de LORRAINE ? Sa bonne mine, son
esprit, sa valeur & son courage, ne nous font-ils pas assez reconnoistre
que HENRY LE GRAND & le Duc de MERCOEVR sont
ses ayeulx, sans que nous ayons besoin de lire l’Histoire. Elle fait
vne honorable mention de tous ses Predecesseurs, & tant de victoires
remportées, tant de villes prises, tant de Royaumes gaignez,
& vn Empire conquis, sont les vrayes marques & les glorieux trophées
des deux plus grandes races & des plus illustres souches
quiayent iamais esté.

Mais que me sert-il, MONSIEVR, d’ouurir de si beaux tombeaux
pour y remuer des cendres inanimées tandis que vostre genereux
Prince est viuant, & qu’en despit de l’enuie & de la haine
il s’esleue par sa propre Vertu, au delà de tout ce que nous voyons,
& ses ennemis mesme, qu’il va mener en triomphe, seront contrains
de le dire, & d’en presager la grandeur.

Le vulgaire, aussi bien que les sages, sont assez persuadez, que ce

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Bonair [signé] (L. S. D. B.) [1649], PANEGIRIQVE POVR MONSEIGNEVR LE DVC DE BEAVFORT PAIR DE FRANCE, ADRESSĖ A MONSIEVR DE PALLETEAV, PAR L. S. D. B. , françaisRéférence RIM : M0_2666. Cote locale : A_6_65.