moment tout en est remply, on ne parle que de la
Paix ; on ne pense qu’à la Paix : ce discours & cette
pensée occupent tout le commun du peuple, qui
ne s’attache plus qu’à ioüir du plaisir de cette esperance,
sans se tenir sur ses gardes, pour obuier à
toute sorte de surprises : Cependant les plus sensez,
qui se de fient plus sainement de ce qui n’est
sincere que dans le dehors, regardent cette conduite
auec soubçon ; ils iugent que Paris estant declaré
pour Messieurs les Princes ; Mazarin n’est
pas en estat de leur resister : & que s’il ne peut rompre
le nœud de cette vnion de Messieurs les Princes
auec la Capitalle, il faut necessairement qu’il se
resolue à la fuite : ils considerent outre cela que
le Parlement estant sur le point de s’assembler
pour la derniere fois, & de porter enfin vn dernier
Arrest ; il est important au Mazarin de parer à ce
coup : & pour cet effet ces sages disent, que pour
reüssir dans le dessein de faire auorter tant de tempestes
qui grossissent sur sa teste, il faut qu’il fasse
semblant de se retirer, & de donner quelque disposition
plausible à vn accommodement.

Ouurez donc les yeux, Messieurs de Paris, &
considerez auec tous les sensez, que Mazarin pretend
vous ietter dans vne insensibilité par cette
apparence de Paix ; qu’il veut faire refroidir par
cette esperance, la chaleur que vous auez tesmoigné
pour le repousser conjointement auec Messieurs