Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : C_3_34.
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son conseil, que leur Foy soit inuiolable. Secondement, s’ils l’auoient
faussée, on ne se fieroit iamais plus en leurs sermens, & l’on aimeroit
mieux mille fois perir, que de se confier vne autre fois en leurs promesses.
Et finalement, qui est encore la raison la plus considerable & la
plus forte, c’est qu’ils doiuent vn iour rendre compte à Dieu de toutes
leurs actions, deuant qui elles se sont passées, aussi bien que le moindre
des hommes. Et puis à tout rompre, le mesme Createur & les
mesmes creatures qui nous assistoient dans les affaires passées, ne manqueroient
pas de nous proteger encore vne seconde fois en la iustice
de nostre cause, s’il le falloit faire.

 

Quoy donc, nous donneront-ils la Loy ? Non, Monsieur, ils ne
nous la donneront pas, car ils nous l’ont desia donnée, & si cela s’est
pourtant fait, sans s’exposer en aucun danger, qui soit euident ny aux
hommes, ny aux Anges.

Mais voyons si sa trosiéme raison qu’il tire par vne consequence
necessaire, sera plus raisonnable que les deux precedentes. De quel
front vous pourront regarder ces gens-là, qui se sont vantez de lauer
leurs mains en vostre sang ? qui ne demandoient pas moins que huict
Conseillers, & quatre Presidens à leur choix, pour les immoler à
leur fureur comme des victimes. Et vous, comment pourrez-vous
les regarder de bon œil ? Serez vous tousiours dans la défiance,
ou tousiours en armes, cela ne se peut faire. Et le peuple qui n’aura
peut-estre pas tant de retenuë que vous, pourra-t’il voir de ses
yeux, des gens qui ont exercé tous les actes d’hostilité imaginable
sur tout ce qui luy appartenoit ? qui deuoient brusler Paris, mettre la
corde au col de tous les Bourgeois, & qui authorisent le viol, les larcins,
& les sacrileges Eux pourront ils voir des Bourgeois qui les ont
morguez, & qui par tant de Libelles diffamatoires, ont publié l’infamie
& l’enormité de leurs crimes ? Enfin, que diront les autres Parlemens
auec qui vous auez fait alliance ? Que diront les gens de guerre
que vous auez fait venir ? & les Seigneurs que vous auez engagez à
vostre party, qui ne sçauroient faire de paix s’ils ne la donnent. Cela
estant, i’y consens, autrement, mourons plustost, que de rentrer dans
la seruitude.

Voila plaisamment tirer vne troisiéme raison des deux premieres,
par vne necessité de consequence bien friuole. Il faudroit n’auoir
pas iamais esté instruit en la Loy Chrestienne, si l’on vouloit ignorer
les moyens qu’il faut tenir, pour arriuer à des fins qui ne sont pas fort
difficiles. Sa souueraine Bonté pardonne bien souuent à des villes

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Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : C_3_34.