Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : C_3_34.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 11 --

bien tost depeuplé ; & nostre donneur d’auis, aussi bien que le
reste des mortels, se trouueroit miserablement logé dans vne eternité
tres-malheureuse. De tel iugement que tu iugeras ton prochain, dit
la Verité permanente, tu seras iugé toy-mesmes. C’est vn Arrest inuiolable,
donné contre les grands & les petits, de quelque condition
qu’ils puissent estre.

 

La seconde raison qu’il allegue pour montrer que la Paix nous
seroit tres-dangereuse, si elle se faisoit, ou pour dire comme il dit,
qu’elle ne se peut pas faire ; c’est parce, dit-il, parlant à Messieurs du
Parlement, qu’il faudra de necessité que vous relaschiez quelque
chose de vos droits, & que relaschant ce sera que vous permettiez
que le Cardinal demeure en France en quelqu’vne de ses Abbayes :
cela estant moralement impossible, sera-ce à condition qu’il sortira
de France, qui est l’vnique pierre d’achopement ? Nous n’en sommes
plus dans ces termes là, les choses ont changé de face ; & ceux
qui le protegent & qui le suiuent, ne sont pas moins criminels que
luy, pour ne pas dire plus.

Si vous vous contentez de bannir le Cardinal, tous ces gens-là
demeureront ; & si cela est, en quelle asseurance serez vous, s’ils viennent
à reprendre leur credit, comme il leur sera facile, quand vous
aurez mis les armes bas, en quel estat reduiront ils la France ? Les
Princes qui ont auec ardeur embrassé vostre party, seront-ils en seureté
de leurs testes, s’ils sont contraints d’obeyr à ceux contre qui ils
sont armez ? Seront-ils en egale puissance ? Cela ne se peut ; deux contraires,
disent les Philosophes, ne se peuuent endurer en vn mesme
sujet : & en matiere de grandeur, & de grandeur ennemie, il n’y
peut auoir de pareil. Quoy donc, donneront ils la loy ? Il ne se peut
dans vn accommodement, & par consequent il est moralement impossible
de faire de Paix sans s’exposer en vn danger tres-euident.

Voicy bien, s’il me semble, de la matiere à resoudre en vn seul
atticle. Mais voyons si la chose nous sera aussi impossible, que le
Traicté de Paix l’est à son conte, & qu’il ne veut pas que Messieurs
du Parlement sçachẽt faire, pour les raisons qu’il vient de nous dire.

Ie reparts d’abord, que s’il est impossible que la Paix se fasse ; qu’il
luy est impossible aussi de dõner des aduis à Messieurs du Parlement,
qui ne leurs soient inutiles ; puis que personne du monde ne sçauroit
faire l’impossible. En suitte il dit apres, qu’il faudra que vous
relaschiez quelque chose de vos droits ; la Paix est donc possible.
Voila bien de la contrarieté en vn esprit comme le sien, qui veut

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : C_3_34.