Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : A_7_63.
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prennent, & pour la crainte qu’ils ont, ou d’vne interdiction ou
d’vn bannissement.

 

N’est ce pas là parler à leur reuerence comme il faut, & de
bonne grace ? N’est-ce pas là les egratigner en les caressant de
la sorte ? N’est-ce pas là leur dresser de beaux Eloges, que de leur
attribuer aux deux tiers toutes les plus mauuaises qualitez
qu’on puisse donner à des ambitieux, à des laches, & à des traistres ?
De grace, quelles consequences ne peut-on pas tirer au
desauantage de ces rares Magistrats, d’vne proposition si outrageuse,
si l’on veut prendre le soin de l’examiner de bien prés, &
de la considerer en son lustre.

La troisiesme cause de nos malheurs, c’est la promotion qui
se fait des races partisanes aux charges de Conseillers & de Presidens,
pour estre les emissaires des Ministres, & la promotion
aussi de certaines personnes qui sentent la lie du peuple, & qui
font dire de tout le corps, qu’il n’est composé que des ames venales :
raison qu’il estime encore plus forte, sans comparaison,
que toute autre.

N’est-ce pas là parler encore de ces Messieurs, auec des indignitez
qui n’en eurent iamais de pareilles, de dire qu’ils reçoiuent
inconsiderément & auec iniustice, parmy vne si celebre cõpagnie
que la leur, le criminel à qui l’on deuroit faire sõ procez,
aussi bien que les ignobles & les roturiers, issus de la lie du peuple.
Il me semble que c’est dire, auec vne impudence bien extreme,
que tout ce grand corps du Parlement, à qui nous deuons
pourtant toute sorte de reuerence, n’est composé que de
certains petits Dieux, plus auant dans l’infamie que dans la
gloire, & que c’est porter son procez & sa condamnation sur soy,
que d’estre sorty d’vne maison partisane, populaire, ou ignoble :
comme si la vertu estoit ennemie mortelle de la plus part des
mortels : comme si la veritable Noblesse venoit d’ailleurs que
d’vne excellente Vertu : & comme si cette diuine qualité n’estoit
pas vn don du Ciel conferé à toute sorte de personnes, de
quelque condition qu’elles puissent estre.

Enfin tous ces grands exemples qu’il va puiser chez les morts,
pour prouuer ce qu’il veut dire contre les viuans, ne seruent
qu’à le combattre & qu’à le destruire. S’il estoit tres-sçauant en
l’Histoire, il trouueroit que nonobstant toutes les precautions

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Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : A_7_63.