Anonyme [1649], TROISIESME ET DERNIER SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR LE IEVDY DE L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_87. Cote locale : C_10_10.
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que le Sauueur du monde estant monté dedans les
Cieux apres auoir triomphé du peché, de l’enfer, de la corruption,
& de la mort, son humanité victorieuse iouyt
d’vn bon-heur eternel qui ne peut estre trauersé par quelque
moyen que ce soit. Aussi le mesme Apostre qui le fait
encor capable de souffrance, proteste en vn autre endroit
que la mort n’a plus d’empire sur luy, & que iamais elle ne
sera si temeraire que d’oser l’attaquer. Christus iam non moritur,
mors illi vltra non dominabitur. Comment donc accorder
ces deux differentes pensées de l’Apostre, & ioindre en
la mesme personne de Iesus les douceurs du Paradis, & les
amertumes de la Croix ? O ! cruauté sans pareille, s’escrie
là dessus le docte Rupert, qu’il faille que la malice des
hommes rompe les loix du Ciel, que leur opiniastraté
trouble les felicitez des Anges, & que leur rage porte le
poignard dans le sein de leur Pere, & de leur Redempteur.

 

Cor. c.
7.

Le grand S. Chrysostome donne deux explications à ce
passage de l’Apostre, & dit que les pecheurs crucifient en
soy le Fils de Dieu, parce qu’ils meprisent ses graces, & qu’ils
n’en profitent aucunement pour l’auancement de leurs
ames à la perfection de la vie spirituelle. C’est dans ce sens
que S. Bernard’a dit, qu’il y auoit beaucoup de Chrestiens
pour lesquels le Sauueur du Monde n’estoit pas encor ny
mort, ny ressuscité : Sunt quibus nondum Christus resurrexit,
& sunt pro quibus nondum mortuus est. Dautant que tous ces
Mysteres d’amour ne leur ont point esté auantageux, &
qu’encor qu’il soit mort pour leur iustification, comme il est
ressuscité pour leur gloire, ils demeurent neantmoins dans
le desordre de leurs crimes, & dans l’infamie de leurs abominations,
sans penser aucunement ny à leur salut, ny à la
beatitude du Ciel.

Il y en a d’autres, dit le mesme S. Chrysostome ; qui crucifient
derechef le Fils de Dieu dedans leurs cœurs, par la
grauité de leurs pechez ; d’autant que les pechez ayant esté
la cause de la mort du Sauueur, nous le faisons sans doute
mourir autant qu’il est en nostre pouuoir toutes les fois que

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Anonyme [1649], TROISIESME ET DERNIER SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR LE IEVDY DE L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_87. Cote locale : C_10_10.