Anonyme [1652], TRES-HVMBLES REMONSTRANCES FAITES AV PARLEMENT PAR LES BOVRGEOIS DE PARIS, Sur l’estat present des affaires. , françaisRéférence RIM : M0_3835. Cote locale : B_17_1.
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tous ses biens dissipez ; il n’y a personne qui ne soit
prest de tomber dans la mesme ruine & dans la derniere
extremité.

 

Cependant si nous eussions fait, & si nous voulons
faire encore auiourd’huy le moindre effort, nous pouuons
nous r’acheter de tous ces maux, & garentir tout
le reste de l’Estat du bouleuersement & de sa desolation
toute entiere. On ne trouue point de meilleur remede
pour la guerison d’vn malade, que de luy tirer vn
peu de sang. Quand cette operation est prompte, la
maladie n’est iamais de longue durée, le sang & les esprits
sont bien-tost reparez. Mais quand au commencement
du déreglement des humeurs nous fuyons le
remede & le Medecin, le mal nous gagne tousiours,
il faut apres cela épuiser tout le sang des veines ; c’est
pour lors que le remede deuient violent, qu’il tuë mesme
quelquefois le malade, au lieu de le guerir, ou bien
il luy cause tant de foiblesse, qu’il ne luy reste plus
qu’vne vie languissante & mal-heureuse, ou qui ne se
peut restablir que par vne longue suite d’années.

Nous auons, Nosseigneurs, pourueu à tout, pour
rendre le remede vtile, si vous l’approuuez. Nous sçauons
par experience que beaucoup de gens ne s’engagent
à defendre la cause publique que pour leur interest
particulier. Nous nous ressouuenons encore des
mouuemens de six cens quarante-neuf, qui eussent finy
tous nos maux, si ceux qu’on fit depositaires des deniers
publics, aussi bien que les Capitaines n’en eussent
point abusé. La trahison fut la consommation de
l’ouurage, mais elle n’eust pas eu le temps ny l’insolence

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