Anonyme [1649], TRES-HVMBLES REMONSTRANCES DE LA PROVINCE DE GVYENNE, AV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_3828. Cote locale : A_8_1.
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leur mãquera iamais. L’heureux retour de Vostre Maiesté
dans sa ville capitale, suiuy des acclamations de
tant d’Ames (qui comme des fleurs fermées durant la
nuit de vostre absẽce, se sont ouuertes au leuer de leur
Soleil,) ne leur cause pas moins de douleur que d’admiration :
ils n’ont que trop épreuué que pour tenter
souuent le bõheur, ils l’ont rebuté ; desormais ils n’auront
plus tant de foy sur ce temps qu’ils disent estre
leur instrument aux grandes choses, & leur fidelle second
pour venir aux fortes executions. Ces fausses
promesses les amusent par l’Esperance de quelque reuolution,
comme les femmes qui s’entretiennent en
idée du plaisir des secondes nopces auant la mort de
leurs maris : mais quelque mõtre éclatante qui les flatte,
il ne leur sera iamais honteux en demãdant la Paix,
de demander vn bien egalement vtile à tous : & d’autant
plus honorable, que quand bien auec la victoire
en main, il seroient en quelque droict de le distribuer
seuls, ils ne feront iamais vne si grande grace qu’ils
n’en retiennent la meilleure partie pour eux.

 

Cogitare
de secundis
nuptiis marito
superstire.
Sacrũ.

Cette estroite vnion arriuant, il se doit faire à mesme
temps vne heureuse conionction dans le Ciel de
ces deux astres qui par leur opposition ont tenu iusqu’icy
les affaires de l’Europe diuisées, & deux Princes
dans la mauuaise humeur. De ce mariage eternel dépend
tout le renouuellement des saisons, le calme des
Mers, la fertilité de la Terre, le salut des Nations,
l’eternité des choses, les douceurs & les richesses du
genre humain. Les grandes Puissances seront à l’aduenir
iustes, & les petites seront modestes. Ceux qui
auoient marqué par le Nil & par l’Eufrate, les bornes
de leur Empire, arresteront cette ambition déreglée,
qui fait qu’ils se fuyent tousiours eux mesmes fans se
pouuoir attrapper, ennemie de la liberté naturelle,
source d’autant de seruitudes que de pretentions, &
ouuriere d’autant de chaisnes qu’il y a de desirs.

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