Anonyme [1649], TRES-HVMBLE ET CHRESTIENNE REMONSTRANCE A LA REYNE REGENTE. Sur les mal-heurs presens de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_3807. Cote locale : D_2_6.
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que vous en serez satisfaite. Si Dieu interdit aux Chrestiens le
ressentiment des injures, & s’il se reserue la vengeance qui le
punit ; la deffense qu’il en fait, oblige ce semble dauantage les
Princes & les Souuerains, que le commun des peuples ; parce
que comme ces Personnes sacrees, sont sur la terre des images
plus illustres & plus accomplies de la Diuinité ; il n’y a que la
main seule de Dieu capable de venger les injures faites à leurs
personnes, & comme seule il connoist l’excellence & le merite
infiny de son Estre. Il sçait quelle punition est deuë à
ceux qui ont osé obscurcir sa gloire, en pechant contre ses
images viuantes & animées : C’est à la puissance & à la Iustice de
Salomon, de punir les fautes commises contre Dauid, & bien
que la douceur & la clemence de ce Prince, les ayent cacheesià
ses yeux & celées à son esprit, afin de dispenser sa main de les
affliger par le supplice qu’elles auroient merité : Il est neantmoins
du deuoir du fils de les faire suruiure à la mort de son
Pere par vne iuste punition. C’est au fils de l’homme à chastier
les fautes commises contre les enfans des hommes, puisque
le Pere Eternel luy en a laissé le iugement ; & si ce
chef commun des Chrestiens ne peut souffrir que l’on blesse
les moindres parties de son corps, sans en tesmoigner de
la douleur, se pourra-t’il resoudre à laisser impunies les
fautes qui auront esté commises contre ses yeux : Durant
cette vie le Sauueur du monde ne regne sur les hommes
que par la grace, & par des effets continuels de bonté ;
& bien qu’incessamment nous l’irritions par nos crimes &
par nos infidelitez, il ne peut neantmoins se resoudre à retirer
sa main qui secoure nos foiblesses, ny d’arrester le cours
de tant de profusions : Et par vn excez tout inefable de bonté ;
il semble qu’il mesure ses biens-faits au nombre de nos
mescognoissances, afin de flechir & de vaincre nostre insensibilité,
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Anonyme [1649], TRES-HVMBLE ET CHRESTIENNE REMONSTRANCE A LA REYNE REGENTE. Sur les mal-heurs presens de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_3807. Cote locale : D_2_6.