tout ce qu’il a moissonné de Lauriers, dans les ardeurs
d’vne passion inhumaine qui l’eschauffe à la ruïne de sa
patrie : Conduitte qui fait couler le sang du cœur & des
yeux de toutes les personnes qui l’honnorent, qui doit
surprendre les pensées & la creance des Estrangers, & qui
à peine passera dans les siecles aduenir sans les offenser, &
sans leur inspirer horreur, pour vn Prince qui apres tant
de succez, à fait voir qu’il n’a eu d’esprit, de valleur & de
force, que pour enseuelir sa gloire & son nom, dans les
ruïnes & dans les cendres de sa patrie.

QVE vostre authorité, MADAME, ne seconde
point vne main armée pour la desolation du Royaume,
de crainte qu’elle ne ressente la violence du coup dont elle
le menace, & dont elle frappe desia tant d’Innocens : Vous
asseurant que si Dieu iusques à maintenant l’a fait victorieuse,
pour l’abaissement des Ennemis, & pour la deffense
de l’Estat, si tost qu’elle aura commencé à le perdre, qu’il
l’a sçait affoiblir & la mettre en estat, de ne pouuoir plus
tirer vostre Majesté de l’abysme où elle l’aura precipitée ;
Et vous ne deuez point douter que cette mesme main qui
flatte aujourd’huy vostre Esprit de la protection de vostre
authorité, s’esleuera quelque iour pour la combattre &
pour l’aneantir, si Dieu n’a point plus de compassion pour
vous, que vous n’en auez aujourd’huy pour les peuples ses
seruiteurs.

A qui, ie vous prie, MADAME, vostre Majesté se
doit-elle laisser persuader, ou à la douceur ou à la violence ;
à l’impieté ou à la vertu ; aux vsures, aux concussions
ou à la justice, qui les punit, & qui en arreste le cours,
aux esprits, qui allument la guerre dans le sein du Royaume,