des hommes est tel, le que l’on a basty des
Temples pour des Monstres, & Rome a veu des
statuës dans ses places publiques, de ceux qui ont
esté la ruine de sa grandeur. C’est ainsi qu’on couroit
iadis à Seianus, & que qui l’auoit pour protecteur
n’estoit plus en peine de chercher des
honneurs, & que qui l’auoit pour ennemy languissoit
dans le mepris, & dans la misere. On va
en foule à la fortune naissante, & souuent parmy
cette foulle on treuue des Philosophes, dont la seuere
façon de viure repugne à cette lacheté. Nous
en auons vn exemple recent en la personne de
Marin, de qui les crimes ont esté, pour ainsi dire,
couronnez par la flatterie des ames mercenaires,
& des vendeurs de fumée de Cour. Tibere se plaignit
iadis que ses Courtisans l’abandonnoient
vieil & mourant, pour suiure Caligula son successeur.
Pour dire ce que ie pense de la flatterie,
il n’y a rien qui soit capable de corrõpre les meilleurs
esprits comme elle, & qu’il n’y a point de
cerueau bien fait qui n’en soit troublé. C’est vn
mal qui arriue à tous ceux que la fortune met aux
bonnes graces des Roys ; & ie tiens pour tres aseuré,
que ceux qui ne sont pas nés pour les grandeurs,
font perte du sens cõmun, lors qu’ils aprochent
des thrones, de sorte qu’on peut dire qu’ils
achetent bien cheremẽt les faueurs de la fortune.