Anonyme [1651], RESPONSE A LA DECLARATION DV ROY, Imprimée contre Monsieur de Chasteau-neuf & Madame la Duchesse de Cheureuse. , françaisRéférence RIM : M0_3359. Cote locale : B_14_28.
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paru sur nous depuis plusieurs siecles, & pour charger toute la France
d’vne ingratitude capable d’attirer les fleaux du Ciel. Que nous sommes
si lasches que de souffrir parmy nous des viperes qui iettent
leur venin sur les actions de M. le Coadiuteur de Paris, faites pour
nous & à nos yeux, au lieu de publier ses bien-faits qui l’ont mis en
veneration parmy toutes les nations du monde. Que des calomniateurs
insolens osent l’outrager au milieu de Paris, qu’il a sauué de la
main de ses ennemis, & d’vn massacre general. Il est vray qu’apres cela
ie ne suis point sur pris de voir tirer de la poussiere les vieilles images
de nostre oppression passée, au temps de la Maiorité d’vn Prince
extraordinaire par sa naissance, & par les rayons de vertu, que ce
beau Soleil fait rejallir sur l’horison de cét Empire.

 

Certes ces objets ont renouuellé en mon imagination, & le despit
de nos maux passez, & l’apprehension de l’aduenir. Par ce que i’ay
creu que l’on vouloit crayonner le siecle où nous allons entrer sur
cette peinture effroyable : Ou du moins nous en faire peur par ce tableau
lugubre, pour nous faire redouter vn Prince si long temps desiré
& si aymable.

Mais puis qu’il a secondé nos souhaits par le choix qu’il a fait de
Ministres incorruptibles & capables de soustenir sa legitime authorité,
de rendre aux Loix leur vigueur, aux peuples la tranquillité, & faire
regermer les semences de la Vertu apres vne longue corruption,
benissons de si beaux commencemens, opinons bien d’vn tel choix,
opinons bien d’vn aduenir, dont les apparences sont si riantes. Et
puis qu’il n’est pas raisonnable de iuger des affaires, par plaire ou desplaire
aux particuliers qui ne sont que Subjets du Roy, quelques
grands qu’ils soient, ny qu’on decide de la bonne ou mauuaise conduite
des Ministres, de leur probité ou de leur defaut, par la bonne
ou mauuaise volonté, par l’affection ou la hayne de grands, qui pour
l’ordinaire est interessée, mesprisons ces inuectiues odieuses, formons
les impressions que nous deuons à la vertu de Monsieur de Chasteau-neuf,
estimons que son nom est d’vne meilleure odeur apres ses souffrances,
qu’il n’estoit auparauant qu’il eust souffert. C’est vn martyr
que nostre Monarque a couronné, qui sera d’autant plus vigoureux
pour vn bon siecle, qu’il a suiet d’en detester vn mauuais.

FIN.

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Anonyme [1651], RESPONSE A LA DECLARATION DV ROY, Imprimée contre Monsieur de Chasteau-neuf & Madame la Duchesse de Cheureuse. , françaisRéférence RIM : M0_3359. Cote locale : B_14_28.