d’immortaliser parmy nous cét esprit de vengeance & de hayne inplacable,
qui l’animoit contre les deux ennemis de ses violences.

Si les persecutions que ce Ministre a fait souffrir aux gens d’honneur,
sont des sujet d’accusation, il n’y a point de bonne famille innocente,
& qui ne puisse compter quelque criminel de son nom. Quatre
siecles de Diocletians ne sçauroient fournir tant de Martyrs à l’Eglise,
que ce Ministre en a fait en France. Et si l’on veut comparer
les temps & la persecution des vns & des autres, l’on trouuera que
les Chrestiens estoient accusez, & confessoient vne foy qui pouuoit
passer pour crime d’Estat. Mais la pluspart de nos illustres coupables
n’ont rien aduoüé, & n’ont pas mesmes esté interrogez. Il y a
aujourd’huy des criminels de cette nature, condamnez par des actes
aussi autenthiques qui exercẽt des premieres charges dans le Royaume.
Mais pourquoy abuser d’vn nom sacré pour couurir vne honteuse
ingratitude, pour colorer l’oubly d’vn bien-fait qu’on ne veut pas
reconnoistre.

Lors que Monsieur de Chasteau-neuf chassoit le Card. Mazarin,
lors qu’il trauailloit à la liberté de Messieurs les Princes, c’estoit vn
homme sans reproche, capable de gouuerner l’Estat. Ces Messieurs à
leur retour luy iurerent reconnoissance & amitié, peu de temps apres
les Seaux luy furent ostez, au veu & sceu de Monsieur le Prince. Où
est la cause du peché en toute sa conduite. Est-il tombé en quelque
faute : Quelque maladie a elle affoibly ce grand sens : A il perdu de
cette experience consommée ?

S’il n’estoit pas ferme & intrepide seruiteur du Roy, amateur du
repos des peuples, capable de resister à la lascheté & à l’interest, on
n’entreprendroit pas de le diffamer.

Si Madame de Cheureuse n’auoit pas agy de tout son pouuoir à l’éloignement
du Cardinal Mazarin, & pour la liberté de Messieurs les
Princes, elle seroit innocente. La canaille ne vendroit pas ses clameurs
& ses insolences contre elle.

Mais cette Dame en veut, dit on, à Messieurs les Princes, par ce
que M. le Prince de Conty n’a pas espousé Madamoiselle sa Fille.
Voila vn bijarre suiet de plainte. Madame de Cheureuse connoissant
l’incapacité du Cardinal Mazarin, luy persuada de se retirer. Madame
de Cheureuse a contribué à la liberté de Messieurs les Princes,
qu’elle creut necessaire au repos de l’Estat, sans penser à mariahe
pour Madamoiselle sa Fille. Messieurs les Princes pour engager plus
fortement Madame de Cheureuse au soin qu’elle prenoit de leur liberté,
luy font proposer ce mariage, luy en enuoyent l’escrit de M.
le Prince de Conty, luy font dire qu’ils iugeront de la sincerité de ses