Anonyme [1649], REPROCHES DES COQVETTES DE PARIS, AVX ENFARINEZ, SVR LA CHERTÉ DV PAIN. , françaisRéférence RIM : M0_3462. Cote locale : A_8_34.
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comme d’illustres Bouffons, où plustost comme des
Mascarades. Si vous estes entrez dans les Eglises, vous
auez aueuglé vn milliõ de personnes, par la poudre que
vous leur auez iettée dans les yeux, en secoüant vos testes
par brauades : & la populace vous a maudit tant de
fois qu’il ne faut pas s’estonner si vous ne sçauriez plus
trouuer à present dequoy viure. Cependant ie ne vous
plaindrois pas si vous estiez seuls dans la misere ; mais
vous y auez engagé tant de monde, qu’il ny a point
de supplice assez rigoureux pour vous punir. Vous
estes cause qu’vn Peuple est affamé, vous estes cause
qu’vne grande ville manque de pain. Vous estes cause
que toutes les Prouinces voisines, ne sont pas capables
de la rassasier. Considerés si vos fautes sont legeres,
& si ce que vous souffrés n’est pas encore au dessous
de ce que vous deuriez souffrir ? Si vous estes accoustumés
de ieusner par necessité, portant plus d’or
sur vos habits, que dans vos bourses, le peuple n’est
pas de mesme. L’Artisan doit auoir disné quand vous
vous leuez, & il se soucie peu si la loy que vous prattiqués
est de dormir au lieu de disner ; vous estes mieux
accoustumés à la faim que luy ; vostre oysiueté ne permet
pas que vous ayés si grand appetit, vous ne viués
que de viandes creuses, les Luths, les Violes, & les Clauecins,
font la plus part du temps vos meilleurs repas :
Vous vous repaissés le matin d’vne salutatiõ pour vostre
déjeuner, pour vostre disner d’vne œillade ou d’vne
parolle, à la Messe de midy ; pour vostre collatiõ d’vne
chanson legere, & pour vostre soupper de quelque
Serenades. Vous faites vn grand festin, quand vous
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Anonyme [1649], REPROCHES DES COQVETTES DE PARIS, AVX ENFARINEZ, SVR LA CHERTÉ DV PAIN. , françaisRéférence RIM : M0_3462. Cote locale : A_8_34.