temps dans Paris ; mais ie n’ay iamais reconnu les Parisiens
pour seditieux, au contraire tousiours tres-affectiõnés
au seruice de leur Roy. Ie veux croire tres
certainement qu’il faut qu’ils ayent eu vne bien iuste
cause pour se sousleuer, apres les auoir veu si souples
& si obeïssans ; D’alleurs ie m’estonne tres-fort que
voulez attaquer vne Ville qui est vn petit monde où
l’on voit tant de sortes de gens : ie veux que vos armées
soit bien fortes, mais que pourront-elles faire
contre tant de peuple, & contre des personnes qui
defendent leur liberté & leur patrie ? Ie veux croire
que vous auez eu de puissantes raisons, mais en verité
ie vois tant d’obstacles à vos desseins, que cela
me faict croire que vous n’y perdrez que vostre
peine.

Et ce qui confirme ma pensée, c’est qu’il m’a dit
que non seulement Paris est en armes, mais encore
toutes les villes de vostre Royaume. Il faut que Monsieur
le Cardinal ait bien mal traicté toute la France,
pour la voir reduite à cette extremité ; car quand
i’estois en France, il ne commençoit que d’establir
peu à peu son pouuoir, encore y auoit il beaucoup de
peine, mais ie vois bien maintenant qu’il l’a si bien
estably, qu’il s’est fait craindre & haïr, ce que ne font
pas les bons Politiques ; car se voyans en cet estat, ils
taschent de se procurer l’amour & le bien-veillance
de tout le monde.