Encores que tout vice soit naturellement odieux à Dieu
en toute personne, toutes-fois il l’est plus particulierement
au Prince, parce qu’il ne peche pas tant en soy qu’en son
exemple. Mal-heur sur celuy qui fait gloire de ce qu’il doit
punir en autruy. Cette iniure faite à vn particulier, engendre
dans son ame vne viue resolution de vengeance, qui
va quelquefois à la ruine & desolation de l’Estat.

On luy fera cognoistre les effects miserables de l’auarice,
qui ne produict en soy qu’vn mespris de Dieu, auec vne volonté
absoluë, de rendre toutes choses venales à la destruction
d’vn Roy, & de son peuple. L’object de l’auarice démesurée
en vn Roy, donne grand lustre à la prodigalité, que
l’on estimoit prodigieuse en vn autre Prince.

Sur tout, si son inclination naturelle le portoit aux choses
violentes, il en peut estre distrait, luy faisant voir que la
creauté est indigne d’vn esprit si benin comme doit estre
celuy d’vn Roy, & que le Prince qui en est entaché, n’a
rien de l’homme que la figure. C’est vn vice grandement à
redouter en la personne d’vn Roy, car il est en luy comme
l’auarice aux vieillards, qui croit tousiours sans esperance
de diminution.

Voilà en effect les vices qu’on doit bannir du Roy. Ces
vertus & ces vices, feront iuger qu’il n’y a bien aucun, qui
soit pour le profit general d’vn Estat, tant que le bon, ny mal
qui soit tant nuisible que le mauuais Prince.

Vnion.

Ayant pourueu à ce qui est de la personne de nostre
Roy, il faut passer à ce qui est de son Estat.

En cette premiere rencontre d’affaires, la chose qui vous
doit estre plus recommandée, c’est l’vnion des Princes,
Officiers de la Couronne, des grands Seigneurs, & puis du
peuple. Quand le tout sera vny, il n’y a Roy, ny Prince si
puissant puisse-il estre, qui oze entreprendre d’attaquer cét
Estat sans sa ruine certaine.